Stéphanie Beaussier

D’où viens-tu ?
Je suis originaire de Touraine, la vallée des rois ! Je viens d’une région viticole, du Chinonais, donc je connais bien les paysages viticoles. Et puis je suis un petit peu bretonne de cœur aussi, j’ai un attachement à la Bretagne, la plus belle région de France bien sûr (rires).

Pourquoi ce métier ? Quel est ton parcours ?
Au départ je voulais être vétérinaire, rien à voir ! J’ai fait des études de biologie et je n’ai pas réussi le concours vétérinaire. Donc j’ai continué dans la bio jusqu’en maîtrise, master 1, et c’était un secteur bien bouché, alors j’ai bifurqué dans l’environnement à ce moment-là. J’ai fait une deuxième maîtrise en « Sciences de l’environnement » et un DESS « Ingénierie des hydro systèmes continentaux ». Tout ça à Tours.
Après j’ai trouvé mon premier job en Normandie, pour étudier les rivières normandes pendant quelques mois. Et après, mon premier vrai poste en Bretagne, dans une Communauté de communes en tant que responsable du service environnement. Là j’ai touché à tout : rando, assainissement non-collectif, etc.
J’ai passé et eu le concours d’ingénieur de la fonction publique, et pour être titularisée j’ai dû bouger, et je suis arrivée en Bourgogne du nord, à Chagny, pour travailler dans un centre d’enfouissement des déchets. Je dois avouer que ce n’était pas trop ma tasse de thé.

Quelles sont tes missions ?
A mon arrivée c’était un poste de directeur de l’Opération Grand Site à l’époque, il y avait tout à faire. Il fallait démarrer tous les projets d’aménagement, toute la partie opérationnelle, et c’est ce qui était intéressant. Au début on était deux postes et demi au Syndicat Mixte, plus le personnel du musée qui était vraiment à part, et puis les effectifs ont grandement augmenté lorsqu’on a ouvert la Maison de site en 2011. Après, à partir de là, on a reçu le label (en 2013) et on a surtout travaillé sur la mise en tourisme du site.
Aujourd’hui j’ai en charge la gestion du paysage : toute la partie Natura 2000 avec la préservation des pelouses calcaires, falaises, pierriers, etc. et surtout essayer de maintenir le paysage tel qu’il est aujourd’hui en gardant un œil sur l’urbanisation, les abords de route, etc. A côté de ça je fais pas mal de gestion administrative : les budgets, les demandes de subventions, la Brigade d’insertion dont le suivi demande beaucoup de temps. Et surtout ce qui m’occupe bien en ce moment, c’est le dossier de renouvellement du label Grand Site de France.
Ce que j’aime surtout c’est être sur les parties opérationnelles, j’aime voir les choses sortir de terre. Le développement touristique c’est intéressant, mais c’est moins mon truc. Moi j’aime bien la partie terrain, la partie visible. A côté de ça j’aime bien aussi la partie gestion, et surtout gestion du projet dans sa totalité, c’est intéressant. Par exemple pour le dossier Label, je suis bien obligée de m’intéresser à tout, et pas seulement au paysage, même si c’est la partie la plus importante. Je suis curieuse, et le fait de traiter un dossier en transversalité, ça rend le travail plus intéressant. Ça fait sortir de sa zone de confort.

Pourquoi ici ?
Le poste à Solutré s’est libéré en 2004 quand j’étais stagiaire de la fonction publique à Chagny, gros coup de chance. Mais je devais un an à la collectivité de Chagny, alors j’ai sacrifié tous mes congés pour pouvoir venir travailler ici.
Aujourd’hui j’habite à Mâcon, et je monte à Solutré tous les matins, j’ai de la chance de travailler ici dans ces paysages !

Ton endroit préféré sur le Grand Site ?
Le Grand Site c’est cinq entités paysagères, et il y a plein de choses différentes : la viticulture qui est elle-même très diversifiée (les différentes philosophies : bio, pas bio, raisonnée, etc.), les villages, les roches. Mais en fait c’est assez difficile à décrire, c’est surtout le côté diversifié, où qu’on aille sur le Grand Site, c’est différent. Les heures, les saisons, les années, ça change tout le temps.
C’est toute la complexité d’un site qui change tout le temps, mais qui reste immuable en même temps. Le Grand Site est vivant.
Pour un lieu préféré, moi je ne fais pas partie des chanceux qui ont pu ressentir l’énergie tellurique de la Roche, je dois manquer de sensibilité (rires), alors je ne dirais pas le sommet de la Roche de Solutré. Mais il y a un endroit qui est vraiment très particulier, ce sont les châtaigniers à la Grange du bois, là où il y des installations de Land’Art. Ces châtaigniers centenaires, complètement tortueux, et je me demande toujours ce qui les a rendu si tortueux, il n’y a rien dans l’environnement qui justifie ça, et c’est un endroit hyper paisible.

Ton meilleur souvenir sur le Grand Site ?
Au moment où on a demandé le label, l’inspecteur général est venu en visite et il nous a félicités pour nos aménagements de stationnement, et ça c’est une fierté quand même, mission réussie !
Et puis le jour, en janvier 2013, où on a été à Paris avec les élus locaux pour vendre notre demande de label au Ministère, c’était super. Tous les maires dans le TGV, le métro, on a joué aux touristes en se prenant en photo à la Défense, on était fiers.

Qu’est-ce que tu veux que les gens ressentent quand ils viennent ici ?
Que les gens aient une sensation de qualité, à tous les niveaux, que ce soit sur la préservation du paysage, et sur les services qu’ils trouvent ici. J’aimerais aussi que les gens comprennent pourquoi on fait aussi « peu » de choses : la signalétique, les aménagements, etc. Le Grand Site ce n’est pas un parc d’attraction, on vient ici pour vivre un moment « Whouahou », et si on surcharge trop le site de panneaux, de cabanes, etc. on perd cet effet.