Philippe Greffet

D’où venez-vous ?

Je suis natif de Mâcon, ma mère était fille de viticulteur, et mon père était fils d’agriculteur, mais le métier de base de mon père, c’était soudeur. J’ai grandi à Davayé, et j’ai toujours connu la vigne. Comme ma mère travaillait chez ses parents, du coup elle m’emmenait à la vigne tout le temps.

Pourquoi ce métier ? Quel est votre parcours ?

Je connais la vigne depuis tout gamin. Et en 1971 ma mère a trouvé sur le journal un viticulteur qui prenait sa retraite à Fuissé. Mes parents sont allés voir, ça leur a plu et on a donc déménagé à Fuissé. Ils ont donc commencé de zéro, avec 5 hectares et pas beaucoup de matériel, il a fallu s’équiper, et se mettre au travail. En 1976 on s’est installé dans une maison plus grande, avec un plus grand cuvage, et c’est comme ça que les choses ont commencé à prendre.
Moi j’ai fait mon cursus classique à Mâcon, et après je suis parti au Lycée Bel-Air pour un BEP viti-oeno. En sortant du BEP, j’avais le choix entre travailler chez mon père ou continuer en BTS. Mon père n’aimait pas trop les études, il avait besoin de main d’œuvre, donc il m’a dit « Si tu viens travailler avec moi, je t’achète ta première voiture ! ». Un truc à ne pas dire à un ado à la veille du permis de conduire ! Je suis donc devenu ouvrier viticole chez mes parents pendant 5 ans.

Pourquoi ici ?

A 22 ans j’ai trouvé une place qui se libérait à Fuissé dans un domaine plus grand. Mon père m’a encouragé à y aller, j’ai donc quitté le nid familial pour devenir chef d’exploitation. Les pieds dans le plat tout de suite ! Petit à petit j’ai récupéré quelques vignes de mes parents, jusqu’à atteindre 14 hectares de vignes, une grosse activité viticole. A l’aube des années 2000, j’ai acheté une maison et je me suis associé avec un ami dont les parents nous ont suggéré d’en faire une maison d’hôtes. On a fait venir Gîtes de France qui a trouvé l’idée super. Le projet nous a séduits, et on a commencé à faire des travaux. Très vite je me suis rendu compte que je ne pouvais pas être à la vigne 24h/24 et gérer ça en plus. J’ai donc décidé d’éliminer les vignes compliquées à gérer, et on est redescendu à 5 hectares depuis 2011 et on retrouve un équilibre. On s’est donc lancé dans l’œnotourisme avec cette maison d’hôtes, on reçoit beaucoup d’étrangers, j’ai dû me reformer en anglais ! Aujourd’hui je suis plus dans la maison d’hôtes que dans les vignes, et après 11 ans depuis sa création, 80% des clients sont des personnes qui sont déjà venues au moins une fois.
Je suis très attaché à ce coin, j’y ai grandi, je suis au Conseil Municipal depuis 4 mandats, je suis Président d’un certain nombre d’associations, je fais partie de Villages en Vie depuis sa création, alors je suis ici dans mon milieu.

Votre endroit préféré sur le Grand Site ?

Solutré, c’est un lieu magique, un lieu chargé d’histoire. Et l’alliance des deux Roches avec Vergisson rend le truc magique. Le mariage de la vigne et de la pierre, mais aussi d’un point de vue énergétique, on sait que Solutré est un lieu énergétique depuis la nuit des temps. Ça dégage une force incroyable. C’est pour ça que j’adore la Grange du Bois, avec le Prieuré devant ces deux Roches jumelles. J’ai découvert aussi récemment le Château de Verneuil, entre Prissé et Charnay, depuis lequel on a la vue inverse, avec le dos des deux Roches, c’est superbe aussi, surtout au moment du coucher du soleil !

Votre meilleur souvenir sur le Grand Site ?

Je ne sais pas si c’est racontable ! Quand j’étais enfant, on habitait donc à Davayé à la Chaponière, en bas de Vergisson. A 10 ans avec mes sœurs et cousins on jouait au loup, et en « trichant » (en ouvrant les yeux alors que je comptais jusqu’à 100), j’ai vu se matérialiser une soucoupe volante au-dessus de Vergisson. Elle est apparu à partir de rien, c’était immense, j’ai arrêté de compter et alertés mes cousins, qui l’ont vue aussi. Elle est restée stationnaire une minute, puis elle est montée en silence dans le ciel, à la verticale, puis elle est partie en trois secondes, et on ne l’a pas revue. Je suis allé en courant chercher mes parents mais quand ils sont sortis il n’y avait plus rien.
Aujourd’hui, mes cousins s’en souviennent, mais ça ne les a pas trop marqués. Pour moi ça a fait tilt, et ça m’a fait penser au mythe de la Bête Faramine de Vergisson. J’ai fait des recherches sur ce sujet, et il s’avère que Vergisson est une « porte des étoiles », c’est un lieu énergétique très fort.