Antiquité

Voie romaine

Voie romaine

La naissance des villages actuels

Depuis les temps préhistoriques, l’homme aura occupé en continu le site, jusqu’à nos jours.

ll faut attendre un siècle avant JC pour voir l’influence gallo-romaine marquer le Grand Site. Cette période a influé sur le paysage, et les choix d’aménagement qui structurent encore le territoire de nos jours : les forêts de fonds de vallées cèdent la place aux prairies en terrains humides, les coteaux calcaires sont plantés en vigne, quelques parcelles labourables sont conservées, et l’on voit apparaître des « Saltus » (forêts et prairies pâturées sur les sommets et les crêtes).

Cette organisation du paysage a permis une économie autarcique, la complémentarité des activités agricoles conciliant élevage, culture de la vigne et des céréales, production de bois d’œuvre et de chauffage. Le site a été occupé en continu depuis cette époque Gallo-romaine.

Des villas se sont construites aux endroits stratégiques, comme la «Villa Solustriaca» à l’emplacement du village actuel de Solutré

Des axes de communication se développent également. On pourra retenir, comme élément fort du paysage actuel la voie dite « romaine », axe méridien entre Vergisson et Solutré. Aucun élément ne peut permettre aujourd’hui d’affirmer qu’il s’agissait effectivement d’une voie romaine construite puisqu’à l’image des Roches, il s’agit d’un phénomène géologique dû au soulèvement de la chaîne Alpine. La forme rectiligne de ce chemin naturel et son positionnement géographique aurait pu faciliter le passage des occupants des villages et des voyageurs.

Moyen-Age

Une place forte encore mystérieuse

Au Moyen Âge, la Roche représentait une position stratégique non négligeable et un château, dont il n’existe plus que quelques vestiges, en occupait le bord de l’escarpement occidental.

D’après l’abbé Rameau, la forteresse serait l’œuvre du roi Raoul (923-936) qui, en la bâtissant, aurait songé à protéger ses frontières du côté beaujolais. En 1330, après la vente du comté de Mâcon par Jean de Braine au roi de France, les chanoines du chapitre de Saint-Vincent qui en avait reçu la garde de Philippe Auguste, firent abandon de leurs droits. L’hostilité entre les Armagnacs et les Bourbons amenèrent leur lot d’émotions à la citadelle qui fût menacée maintes fois de destruction par les Armagnacs. Le château et la forteresse furent rasés en 1435 par ordre du duc Philippe le Bon, dans la crainte que ses ennemis ne vinrent à s’en emparer de nouveau pour menacer le Mâconnais. Tout le pays avait eu beaucoup à souffrir, non seulement des combats qui se livrèrent autour de cette place, mais encore des troupes de la garnison même du château, qui fondaient continuellement sur la campagne et se livraient à un pillage affreux. Aussi l’ordre du Duc fut-il reçu avec une grande joie.Quelques fouilles furent entreprises au milieu du 19ème siècle par un habitant de Solutré et sous le regard d’Adrien Arcelin qui analysa que ce « petit » château n’avait eu plus d’importance par sa position stratégique que par sa puissance.

Il reste aujourd’hui encore quelques fondations de murs visibles sur le passage des visiteurs ou enfouis sous la végétation, et surtout deux fossés de ceinture creusés dans le roc isolant le sommet de la pente douce. L’étude de ces vestiges a permis d’imaginer quelle pouvait être l’implantation des différents corps de bâtiments de la forteresse. Quelques éléments de mobilier et de modification de la topographie, permettent également d’extrapoler sur la présence d’une forge, d’un bassin de recueil des eaux de pluie, d’une carrière de délitement de pierres…

Marches du château

Marches du château

 

L’influence ecclésiastique

A la suite du Moyen Âge, période troublée et instable qui entraîne une déstructuration du paysage rural et une avancée de la friche, le 10ème siècle voit la fondation de l’Abbaye bénédictine de Cluny et l’avènement du vignoble mâconnais. Les monastères constituent des domaines viticoles, entreprennent des travaux de défrichement et d’empierrement favorisant ainsi le développement de la culture de la vigne au détriment des pâtures et des autres cultures céréalières.

 

19e et 20e siècles

Installation agricole

L’omniprésence de l’homme, indissociable de l’histoire du Grand Site, en fait une entité profondément vivante, bien loin d’un site sanctuaire et sans âme. Si l’homme a laissé peu de marques dans le paysage préhistorique, son intervention est par la suite plus visible : avec l’agriculture, les traces commencent à apparaître et à construire le site actuel. C’est l’homme qui, au fil de ses besoins, défriche les forêts, procède aux plantations puis à l’abandon de parcelles, laissant le champ libre à la végétation.

Au 19e siècle, pic de population rurale et d’utilisation maximale des terres, l’agriculture organise le paysage le long des versants : bois et landes sur les sommets, vignoble (seulement 25 à 50% des surfaces communales) à flanc de coteau, terres labourables au pied des versants et prairies en fond de vallons dessinent une véritable mosaïque, un paysage rural très riche. Au cours de ce siècle, la vigne, devenant plus rentable que la céréaliculture, prend un caractère dominant. La grande crise du phylloxéra la limitera un temps, avant qu’elle ne reprenne la place qu’elle s’était octroyée.

Dans la première moitié du 20e siècle, l’agriculture reste basée sur la polyculture : l’élevage, en particulier, représente un complément de revenu indispensable, et le pâturage s’effectue sur les pelouses des Roches. La seconde partie de ce siècle engendre les paysages du Grand Site actuel : la région se spécialise définitivement dans la culture de la vigne, et le quasi abandon de l’élevage engendrera l’installation de buxaies sur les falaises et les pelouses.

 

Les grands hommes sur le Grand Site

Alphonse de Lamartine

Il naît à Mâcon en 1790 et passe son enfance à Milly, au nord de Vergisson. Le plus séduisant des romantiques fut aussi un grand homme politique qui s’exprima pour le suffrage universel, la liberté de la presse et contre la peine de mort.

Très attaché à sa terre et à ses vignes, Lamartine revint chaque année au temps des vendanges. Inhumé à Saint-Point en 1869, une foule immense accompagna cette belle âme.

Il décrivait les roches de Solutré et Vergisson comme « Deux navires pétrifiés surplombant une mer de vignes ».

 

François Mitterrand

Célèbre pèlerinage annuel du Président François Mitterrand.

En 1946, Roger Gouze, le beau-frère de François Mitterrand, originaire de Cluny lui fait découvrir la région et le conduit au sommet de la Roche de Solutré. Devant le spectacle magnifique, ils se promettent d’y revenir chaque année, d’abord à Pâques puis à la Pentecôte, le soleil étant plus assuré.

Cette ascension rituelle de près d’une heure était l’occasion pour les journalistes de faire annuellement la « chasse aux petites phrases et aux bons mots ». Elle se passait le dimanche de la Pentecôte. François Mitterrand, devant, dépassé parfois par son labrador Baltique, derrière lui, les membres de la famille et une cohorte d’amis politiques. À partir de son élection à la présidence en 1981, il y a de plus en plus de journalistes.

Il dit des lieux : « De là, j’observe ce qui va, ce qui vient, ce qui bouge et surtout ce qui ne bouge pas« .

Il fera sa dernière ascension en 1995, très fatigué, quelques mois avant son décès.

Anecdote : en 1992, pour semer la foule de journalistes, François Mitterrand fait l’ascension de la Roche de Vergisson, accompagné uniquement de sa famille, d’amis proches, et de son photographe officiel.