Fig. 1

En 2004, lors de la transformation du gisement de Solutré en jardin archéologique et botanique, les fouilles préventives dirigées par Nelly Connet (Inrap), ont permis la découverte d’éléments de parure  dans des niveaux attribués à l’Aurignacien, culture des premiers hommes modernes européens entre 40 000 et 28 000 ans avant notre ère. Ces trois objets proviennent d’une couche datée d’environ -29 000 ans : deux perles en ivoire de mammouth et une incisive de marmotte.

Fig. 2

Les perles en ivoire de mammouth appartiennent à deux types différents : en forme de disque, la première (fig. 1), est identique à des perles de la même période retrouvées en Belgique, dans la grotte de Spy, et en Allemagne à Hohle Fels (Jura souabe). C’est la perle en disque la plus au sud de l’aire d’extension connue pour ce type d’objet. La seconde en forme de panier est typique des traditions aurignaciennes  d’Aquitaine (plusieurs sites de la vallée de la Vézère : abri Pataud, abris Blanchard, Castanet et de la Souquette) et des Pyrénées (grotte d’Isturitz, grotte des Hyènes à Brassempouy et la Tuto de Camalhot dans la vallée de l’Ariège). Solutré est le site le plus au Nord ayant livré ce type de parure. L’incisive de marmotte (fig. 3) est décorée de stries et aménagée d’une encoche de suspension. Un autre exemplaire de ce dernier objet est connu dans les niveaux châtelperroniens de la grotte du Renne à Arcy-sur-Cure, attribués aux derniers néandertaliens (autour de -45 0000 ans). Tous ces objets sont usés et ont été portés : suspendus ou cousus sur des vêtements.

Fig. 3

Ainsi la découverte de ces parures à  Solutré place le gisement à la croisée des traditions ornementales du Nord-Est et du Sud-Ouest de l’Europe à l’Aurignacien. La similitude avec la dent de marmotte d’Arcy-sur-Cure suggère également une continuité des traditions depuis le châtelperronien du Nord et les derniers néandertaliens de Bourgogne.