Classer pour protéger
Le site de Solutré a fait l’objet d’attentions particulières dès les premières fouilles archéologiques en 1866. La richesse du patrimoine découvert et la beauté des paysages ont rapidement entraîné la reconnaissance et la mise en place de mesures de protection. La chronologie des dispositifs de protection du site démontre que culture et nature ont toujours été intimement liées, les Roches ayant certainement de tout temps joué la fonction de point de repère fixant les civilisations. Le classement représente aujourd’hui un outil de préservation incontournable du paysage du Grand Site.
Des premières protections…
En 1909, la Roche de Solutré est inscrite sur la première liste de protection des monuments historiques et des monuments naturels et légendaires. Cette inscription est guidée par la volonté de protection du site préhistorique et le caractère spectaculaire et pittoresque de la falaise (arrêté du 15 mars 1909).
En 1942, le site du prieuré de la Grange du Bois est classé au titre de la loi du 2 mai 1930 (arrêté du 3 août 1942). Une partie du gisement préhistorique de la Roche de Solutré est également inscrite à l’inventaire des monuments historiques (arrêté du 26 mai 1942). L’autre partie du gisement est classée parmi les monuments historiques (arrêté du 12 octobre 1942).
En 1958, le menhir de Chancerons, à Vergisson, est classé parmi les monuments historiques (arrêté du 19 septembre 1958).
… Aux sites classés et inscrits
Par arrêté du 2 octobre 1985, les villages de Solutré et Vergisson, ainsi que leurs abords, sont inscrits au titre de la loi du 2 mai 1930. Un périmètre plus vaste, englobant les trois sommets de Solutré Pouilly Vergisson, sur une surface totale de 582 hectares, est classé par décret du 18 octobre 1985 au titre de la même loi.
Ce périmètre de protection d’origine suit les lignes de crêtes du nord au sud du territoire, mais s’arrête à la route qui traverse le hameau de la Grange du Bois, limite entre les deux départements de Saône-et-Loire et du Rhône, avant de s’appuyer sur la route départementale RD 31 pour retrouver le Mont Pouilly. La logique administrative semble avoir prévalu sur la logique paysagère des lignes de crêtes des versants situés à l’ouest du territoire et faisant face au grand paysage ouvert des deux Roches de Solutré et Vergisson.
L’extension du périmètre classé
Initiée en 2010, une démarche d’extension du site classé du Mont Pouilly et des Roches de Solutré et de Vergisson, ouvre le périmètre aux communes de Cenves (Rhône), Solutré-Pouilly, Vergisson et Chasselas (Saône-et-Loire).
Cette approche, nécessaire pour assurer une plus grande cohérence du territoire soumis à protection, permet de préserver les points de vue depuis le sommet de la Roche de Solutré en direction du sud, et de favoriser une bonne gestion de l’urbanisme, des massifs forestiers, des zones naturelles et agricoles.
Étendue au vignoble servant d’écrin aux sommets, elle compense également l’hétérogénéité des niveaux de protections, c’est-à-dire une protection forte sur les sommets et les horizons, mais une protection faible sur les premiers plans aux pieds des Roches. Seules les principales aires bâties sont donc restées à un niveau « inscrit ».
Cette mise en cohérence permet de maîtriser davantage les localisations des extensions bâties à venir.
Par décret du 22 décembre 2017, le Ministre de la transition écologique et solidaire a classé, parmi les sites des départements de Saône-et-Loire et du Rhône, « l’ensemble formé par le site de la Roche de Solutré, de la Roche de Vergisson et du Mont Pouilly, sur le territoire des communes de Cenves, dans le département du Rhône, et de Chasselas, Solutré-Pouilly et Vergisson, dans le département de la Saône-et-Loire ». Ce nouveau périmètre prend en compte le grand paysage et la cohérence des protections existantes.
Le site classé représente aujourd’hui 1 459 ha. Il est un des piliers fondamentaux d’un Grand Site de France.
Le site inscrit, concernant initialement les parties bâties des villages et le vignoble, s’est réduit aux cœurs de villages et aux hameaux, sur 49 ha. L’inscription est une protection nationale, qui vise à conserver l’état et l’esprit des lieux. Elle impose d’informer l’unité départementale de l’architecture et du patrimoine (UDAP) de tout projet de travaux de nature à modifier l’état ou l’aspect du site, quatre mois au moins avant le début de ces travaux.
LeS effets du classement
Le cadre du classement ne s’applique qu’aux travaux et aménagements nouveaux et aux modifications d’installations existantes sans effet rétroactif. Toute modification de l’état ou de l’aspect du site est ainsi soumise à autorisation sauf :
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- les travaux d’entretien courant sans modification de l’aspect du site. Les travaux d’exploitation viticole constituent des travaux d’entretien courant et ne sont pas soumis à autorisation (ex. arrachage avec replantation à l’identique) ;
- toute activité humaine (circulation, activités de loisirs, chasse, pêche…) dès lors qu’elle ne donne pas lieu à des travaux ou installations et n’a pas d’impact sur l’état ou l’aspect des lieux.
Sont soumis à autorisation du Préfet du Département, après avis de l’Architecte des Bâtiments de France (ABF), les travaux de :
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- canalisations souterraines ;
- installations techniques d’alimentation en eau potable de moins de 20m2 et de 3m de haut ;
- ouvrages techniques nécessaires au maintien de la sécurité routière ;
- travaux soumis à déclaration préalable au titre du Code de l’Urbanisme ;
- clôtures.
Sont soumis à autorisation ministérielle après avis de la Commission Départementale de la Nature, du Paysage et des Sites (CDNPS), les travaux :
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- d’infrastructures : terrassements, création ou modification d’emprises de voiries, pistes, parkings ;
- soumis à permis de construire : construction de cave, extension de bâtiment…
- de démolition, déboisement, changement de vocation des parcelles agricoles…
Sont interdits par la loi suite au classement :
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- les lignes aériennes téléphoniques et lignes aériennes électriques nouvelles de moins de 19 kV ;
- la publicité, quelle qu’en soit la forme, sans aucune dérogation ;
- le camping et le caravaning pratiqués isolément et la création de terrains de camping, sauf dérogation ministérielle.
Les autres travaux et aménagements sont soumis à autorisation du Préfet du Département ou du Ministre selon les travaux (se reporter au guide pratique associé du Document Unique de Gestion – tome 0).