Pierre-Guillaume Denis

D’où viens-tu ?
Je suis originaire du grand sud : je suis né dans le Var, j’ai grandi dans le sud-ouest, j’ai vécu également dans les Pyrénées où je suis tombé en amour de la Préhistoire. J’ai ensuite bougé sur Toulouse pendant une dizaine d’années.

Pourquoi ce métier ? Quel est ton parcours ?
J’arrive du Muséum de Toulouse, où j’exerçais des fonctions d’encadrant intermédiaire de l’équipe de médiation.

Quelles sont tes missions ?
Je suis le responsable du Musée de Préhistoire de Solutré. Mes missions c’est donc la responsabilité administrative, culturelle, scientifique du Musée dans toutes ses activités. Ça passe par le choix des expositions temporaires, le choix des programmes de médiation, tout ce qui touche au Musée finalement passe à travers moi, que ce soit pour confirmer une préconisation ou pour une décision.
Je dois aussi créer des liens avec d’autres musées en France et à l’étranger. Le Musée de Préhistoire de Solutré fait partie d’un réseau de musées et de sites préhistoriques européens : Ice Age Europe, on est aussi en contact assez étroit avec le musée du Malgré-Tout, en Belgique.
Ce qui me plaît dans ces missions, c’est de pouvoir proposer une programmation (expositions, animations) et de pouvoir placer le curseur là où il me semble pertinent pour que le public en profite le mieux possible. En tant qu’ancien médiateur, je suis très attaché à cette dimension de l’échange humain, du partage des savoirs et de la rencontre avec les gens autour du sujet de nos origines.

Pourquoi ici ?
L’amour de la Préhistoire a été si fort qu’il m’a amené jusqu’à Solutré.
Et aujourd’hui je me rends compte que c’est un lieu où on a une vie humaine et animale installée depuis au moins 50 000 ans, on est sur un environnement particulièrement privilégié. C’est un endroit qui, parce qu’il est accueillant, parce qu’il a une qualité intrinsèque, a favorisé l’installation humaine et c’est ce qui en fait son essence de Grand Site aujourd’hui.
Solutré ce n’est pas qu’une carte postale, c’est comme une longue histoire d’amour entre l’Homme et ce lieu.

Ton endroit préféré sur le Grand Site ?
J’en ai plusieurs ! Bien évidemment, les sommets de nos trois éminences phares même si, habitant le village de Vergisson, j’ai une petite préférence pour la falaise de Vergisson, très massive, avec ce passé très lointain dont elle abrite quelque secrets encore. J’apprécie aussi le lieu-dit La Crouze, lorsqu’on contourne la Roche de Vergisson en descendant vers Prissé. C’est un endroit très bucolique, très préservé, où les aménagements humains se limitent à la vigne. C’est un chemin tertiaire voir quaternaire, pour faire une allusion à la Préhistoire (rires), qui est fréquenté par très peu de monde, et de fait qui est fréquenté par beaucoup d’animaux. C’est là que je vois régulièrement des milans, ou que j’ai vu passer ma première couleuvre, mes premiers renards, etc. C’est un endroit où j’aimerai un soir poser mon télescope, parce qu’il n’y a pas beaucoup de lumière et ça doit être sympa !

Ton meilleur souvenir sur le Grand Site ?
Le jour de ma prise de poste, le 1er août 2017, j’étais accompagné de la responsable Archives et Patrimoine Culturel du Département, et sur le chemin en allant au Musée, j’ai trouvé un petit morceau de silex, et je l’ai pris comme un cadeau de bienvenue. Avec le recul, je pense que c’est un silex d’importation qui s’est retrouvé épandu avec le gravier qui recouvre le chemin, mais sur le moment je n’ai pas pu m’empêcher de me sentir un peu béni !

Qu’est-ce que tu veux que les gens ressentent quand ils viennent ici ?
Je voudrais qu’ils comprennent l’intérêt de préserver les paysages et, à travers eux, la nature et notre relation au monde. C’est un fragile équilibre et l’on voit, après plusieurs épisodes de canicules, qu’il est tout à fait précaire, il faut comprendre que si on ne respecte pas un minimum notre milieu, notre environnement, ce qui nous donne à manger, à boire et à respirer tous les jours, alors on passe à côté de notre rôle d’être humain, d’être conscient. En tant qu’êtres doués de conscience, on a une responsabilité envers nos enfants, nos petits-enfants car c’est à eux qu’on laisserait le pire des héritages.
A nous aujourd’hui de jouer ce rôle de protecteur et c’est là aussi l’essence du Grand Site : sensibiliser les gens, faire prendre conscience, participer à faire changer les habitudes. On peut changer les actions à tous les niveaux, dans notre quotidien, chaque acte de consommation étant une forme de vote, alors ayons une forme de conscience éco-citoyenne puisque c’est ce à quoi nous invitent ces lieux préservés.
Solutré, de par son histoire, est aussi symbolique d’une relation au monde, et de notre responsabilité vis-à-vis de cette relation. C’est comme dans une relation amoureuse : on en tire un bénéfice, et à la fois on donne quelque chose, on prend soin de l’autre. Et de la même manière, il faut qu’on soit un peu amoureux de notre planète !