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En Mâconnais, le vignoble s’impose comme une évidence à notre regard tant il occupe une place prédominante dans le paysage.

VIGNOBLE
A la seule échelle du Grand Site délimité sur 3000 hectares, plus d’un tiers est consacré à la culture de la vigne. L’expansion et la réputation de ce vignoble depuis le Moyen Âge trouve son origine en la proximité de Mâcon, cité comtale et épiscopale. Bien desservie par les grandes axes de communication nord – sud que sont la Saône et les voies terrestres comme la via Agrippa antique ou le chemin de fer, Mâcon s’est imposée comme place historique du commerce des vins du Mâconnais et du Beaujolais voisin, en direction du marché Lyonnais.

Un paysage façonné par l’homme

Si les durs bancs calcaires d’âge jurassique constituent l’ossature du Mâconnais très visible au sommet des éperons dénudés de Solutré et Vergisson, le vignoble en cette extrémité sud s’est préférentiellement établi sur les éboulis marno-calcaires dans un contexte topographique très heurté. Contrairement au Mâconnais central aux larges vallées d’orientation nord sud, le relief apparaît ici très fractionné par de nombreuses failles. De cette façon, le vignoble tapisse coteaux abrupts et profonds vallons offrant toutes les orientations. La vigne y est densément plantée à un seuil supérieur à 8000 pieds par hectare (10 000 m²). Les rangs apparaissent en conséquence étroits et alignés dans une rectitude toute militaire.
Les usages locaux se traduisent par un mode de conduite traditionnel à cette région et ignoré en Bourgogne septentrionale. A partir du principe de taille hivernale préconisé par le docteur Jules Guyot vers 1860, les vignerons Mâconnais ont adapté leurs plants de Chardonnay à une variante, la taille dite « à queue » ou conduite en arcure conférant ainsi un aspect tout à fait singulier au paysage viticole notamment en hiver.

La taille « à queue » du Mâconnais aussi appelée taille « en archet »

ENARCHET
Source P.MOUILLEFERT, Les vignobles et les vins de France, 1892, p.140.

Le royaume historique du Chardonnay

Cépage au nom universellement réputé, ce plant cosmopolite par excellence n’a pas trouvé moins que le monde pour terre d’acclimatation. Il est en effet le deuxième cépage blanc le plus planté au monde en ce début de XXIe  siècle. Cependant, le Chardonnay demeure bien originaire du Mâconnais où il est d’ailleurs explicitement nommé et qualifié de « meilleur » dans les documents d’archives datant de la fin du XVIIe siècle.
En cette partie sud de la Bourgogne, la part du cépage Chardonnay occupe désormais plus de 80 % dans la surface agricole plantée en vignes. Cet enracinement historique constitue une exception en Bourgogne.
Vers 1850, les ampélographes étudiant la géographie viticole et les pratiques s’accordent dans leurs écrits pour distinguer trois villages où la production de vin blanc dépasse celle du vin rouge : du Nord au sud ce sont Chablis, Meursault et Pouilly, ce dernier étant qualifié de « centre des vins blancs du Mâconnais » ou de «filon blanc » parmi des coteaux dominés par le rouge Gamay.
Augurant les décrets d’appellation d’origine contrôlée, les vins blancs de cette partie sud de la Bourgogne sont classés en première catégorie qualitative dès la deuxième moitié du XIXe siècle par les auteurs.

CARTEVINCarte_des_vignobles_des_Côtes_[...]Budker_A_btv1b53030003g
Carte des vignobles des Côtes Beaujolaise, Mâconnaise et Chalonnaise,
A. BUDKER, 1901, (détail).

Des vins de grande renommée

La pyramide des appellations Bourguignonnes comprend plusieurs échelons de l’appellation régionale la plus large, à la plus confidentielle, celle des 33 grands crus.
PYRAMIDE

La pyramide des appellations bourguignonnes. Source BIVB 2008-2012.

Le Mâconnais présente pour sa part une hiérarchie qui lui est propre aux deux premiers niveaux de cette pyramide, ne pouvant pas revendiquer, pour l’instant, de premiers et grands crus. Des démarches sont cependant en cours à cet effet.
Si le populaire Mâcon, place historique du commerce des vins, désigne ordinairement les vins de la région commercialisés à Paris et Lyon, 27 villages peuvent réglementairement y accoler leur nom, affirmant ainsi avec davantage de précision leur origine. Parmi ceux-ci : Charnay-les-Mâcon, Fuissé, Prissé, Solutré-Pouilly et Vergisson, sont tous compris dans l’aire géographique du Grand Site de France.
Depuis le décret d’appellation d’origine du 31 juillet 1937, les vignerons de ces 5 villages produisent sur leur commune respective 5 cuvées de la grande famille des vins de Mâcon, à la robe d’or pâle et aux arômes chantants.
Mâcon-Charnay-les-Mâcon : produit sur environs 70 hectares, principalement en blanc à partir du Chardonnay et de façon confidentielle en vin rouge à partir du cépage Gamay, typique du beaujolais tout proche.

Mâcon-Fuissé : produit sur environs 45 hectares en vin blanc.

Mâcon-Prissé : revendiqué sur environs 90 hectares notamment en vin rouge à partir du Gamay.

Mâcon-Solutré-Pouilly : produit sur environ 40 hectares uniquement du vin blanc.

Mâcon-Vergisson : sur environ 10 hectares ne produit que du vin blanc.

Au sommet de la hiérarchie mâconnaise trônent les 5 appellations communales du Mâconnais, dispensées par voie réglementaire de faire référence au nom de Mâcon. Ce sont les 3 Pouilly : -Fuissé, Loché, Vinzelles, Saint-Véran et Viré-Clessé.

Au cœur du Grand site se situent les aires délimitées de 2 crus phares de la Bourgogne du fait de leur réputation internationale établie sur leur complexité aromatique caractéristique.

Le Saint-Véran, reconnu par le décret d’appellation du 6 janvier 1971, inclut les
communes de production de Chânes, Chasselas, Davayé, Leynes, Prissé, Saint-Vérand, Saint-Amour Bellevue et Solutré-Pouilly pour partie sur plus de 700 ha.

Le Pouilly-Fuissé, reconnu par le décret d’appellation du 11 sept 1936 est produit sur les communes de Fuissé, Solutré-Pouilly, Vergisson et Chaintré, soit au total plus de 750 ha.
Statistiques 2012 Union des Vins Macon – BIVB.

Notons que les syndicats de promotion de ces deux appellations travaillent actuellement à la reconnaissance de leurs parcelles les plus qualitatives désignées par leur nom de « climat » en « 1er crus ». Cette initiative ascensionnelle au pays des deux roches s’inscrit pleinement dans la hiérarchisation bourguignonne.

Article rédigé par Emmanuel Nonain
Guide conférencier et viticulteur à Chardonnay.
Gérant de Enoculture SARL – les découvertes oenoculturelles.
www.enoculture.fr