Le paysage

A l’extrême sud du mâconnais, la composition paysagère du Grand Site de France Solutré Pouilly Vergisson est insolite en Bourgogne.

Constitué en son cœur des Roches de Solutré et de Vergisson, aux silhouettes harmonieusement découpées, et du Mont Pouilly, ce paysage forme un ensemble patrimonial prestigieux. Les deux Roches, superbes éperons qui dominent le terroir de vignes réputé des grands crus de Pouilly-Fuissé et de Saint-Véran, mais aussi les villages viticoles typiques du mâconnais, le bocage et la forêt, créent un site spectaculaire et singulier, un haut lieu français occupé depuis 55 000 ans et un emblème pour toute Bourgogne.

 

Du sommet des Roches (la Roche de Solutré culmine à 493 m), un paysage unique s’ouvre aux visiteurs : entre les vues panoramiques à 360° s’ouvrant au sud sur les Monts du Beaujolais, au nord sur le Val Lamartinien riche d’un patrimoine culturel remarquable et à l’est sur la plaine de Saône, et les ambiances plus intimes de l’environnement local et ses vignes jalonnés de très jolis villages et soulignées par des éléments de patrimoine vernaculaire, bordés par la forêt, les prairies et les haies bocagères quand le sol s’oppose à sa culture. De ces différents points de vues, les visiteurs sont invités à lire dans le paysage un terroir unique, fruit des conditions naturelles exceptionnelles et changeantes du mâconnais, mais aussi de l’occupation et du travail des hommes. Ces ambiances incitent à la contemplation.

 

Mais le Grand Site ne se lit pas que des sommets, bien au contraire. Heureux, qui, le curieux, ira à quelques kilomètres de là, un peu plus haut vers l’ouest, sur les sentiers de la crête des Torvons, ou jusqu’au hameau de la Grange du Bois, ou bien arrivera par le sud, par la route de Chasselas, ou encore par le nord, par la route de Pierreclos. C’est d’abord la verticalité des escarpements qui retiendra son regard dans une région de collines où tout est en bosse, rondeur et douceur. Les deux roches apparaissent comme de véritables forteresses, des proues de bateau au-dessus de la mer de vigne, deux points de repères dans le grand paysage. Puis il observera la marqueterie et l’imbrication des différentes entités paysagères, les terrains géologiques très hétérogènes de ce territoire donnant des sols variés sur lesquels pousse une végétation tout aussi variée :

– sur les sols siliceux se trouve la forêt de feuillus de chêne. Le châtaignier est très présent. Le sol est acide, des signes d’abandon, broussailles à genêt et ronce sont visibles ;

– sur les sols marneux se développent les prairies, secteur d’élevage tenu par quelques exploitants ;

– sur le calcaire s’étendent des prairies à genévrier qui s’embuissonnent de buis ;

– sur les sols marno-calcaire et argileux sont plantées les vignes.

 

Le relief contribue également à une organisation particulière du territoire :

– les villages sont implantés dans les fonds de vallées de la Denante et ses affluents, et l’habitat est très regroupé, en hameaux ;

– les falaises sont laissées à l’état naturel et le dos des roches hébergent des prairies entretenues pas l’homme ou l’animal ;

– les prairies et la forêt colonisent le versant qui fait face aux Roches, ou la vigne ne pousse pas ;

– la vigne occupe tout le reste, dans des cirques et des combes cernant les hameaux et remontant sur les versants des roches. La géométrie du  parcellaire de petite taille et leur aspect rectiligne dû aux rangs dans le sens de la plus grande pente, accentuent la perception.

L’heure à laquelle on regarde ce paysage, la météo, la luminosité, la saison, le point de vue, les perspectives sont autant de paramètres qui rendent ce lieu unique à chaque jour qui passe, jusqu’à procurer une sensation de magie. Regardez les roches : majestueuses à l’approche, elles donnent parfois l’impression que leur sommet peut être touché du doigt, et selon le lieu d’où on les regarde, elles présentent le même profil, ou au contraire se tournent le dos, l’une s’élançant vers le ciel, l’autre s’ancrant fermement dans le vignoble qui l’entoure… Cette illusion de déplacement des roches est due à la forme de la falaise de la roche de Vergisson, très large par rapport à l’éperon marqué qu’est Solutré. On les qualifie parfois de fausses jumelles.

 

 

Article rédigé par Stéphanie Beaussier

Gestionnaire du patrimoine naturel et du paysage, et de la Maison de Site 

s.beaussier@saoneetloire71.fr