Adrien Arcelin
Adrien Arcelin à sa table de travail, non daté. Collection particulière.

Adrien Arcelin

Fuissé, 30 novembre 1838 – Saint-Sorlin (ou la Roche Vineuse) 21 décembre 1904

Enfant du pays, Adrien Arcelin est né à Fuissé en novembre 1838. Ce fils d’architecte étudie l’histoire et les techniques archivistiques et sort diplômé de l’Ecole des Chartes en 1864. C’est à l’occasion d’une balade dominicale au pied de la roche de Solutré avec un jeune cousin que son destin va être brusquement dévié vers la Préhistoire. Une pointe de silex patinée et de nombreux ossements de chevaux affleurant sur le sol l’amène à contacter Henri Testot-Ferry, maire de Bussières. Ce naturaliste féru de géologie a déjà exploré plusieurs gisements préhistoriques de la région. Ensemble, ils vont fouiller le Cros (ou Clos) du Charnier, petite éminence sous la roche de Solutré ou abondent ossements de chevaux, et foyers qu’ils datent de « l’âge du renne », selon la chronologie des temps préhistoriques établie par le paléontologue Edouard Lartet.

Dès lors, les deux chercheurs prospectent le gisement et publient leurs observations en prenant contact avec les plus importantes autorités de la naissante science préhistorique : Gabriel de Mortillet, Edouard Lartet, John Lubbock… En 1868, Arcelin publie avec son ami L’âge du renne en Mâconnais : mémoire sur la station du Clos du Charnier à Solutré qui sera lu outre-Manche au Congrès international d’anthropologie de Norwich.

Après un voyage de quelques mois Orient où il est envoyé en 1869 par le Ministère de l’Instruction publique, Adrien Arcelin revient précipitamment et dirige l’édition du Mâconnais préhistorique (1870) pour son ami Henri de Ferry, décédé brutalement. En 1869 et 1872, le terme solutréen est proposé par le préhistorien Gabriel de Mortillet dans son nouveau système chronologique, basé non plus sur les restes d’animaux observés dans les couches, mais sur les productions matérielles humaines. La même année, sous le pseudonyme d’Adrien Cranile, Arcelin publie le premier roman préhistorique, à l’origine de tout un genre littéraire. Publié d’abord sous la forme d’un feuilleton dans la Revue du Lyonnais, le roman Solutré ou les chasseurs de renne de la France centrale vise à vulgariser les connaissances scientifiques pour le grand public. La scène de la chasse de tout une harde de chevaux précipités par les chasseurs depuis le sommet de la roche, marque les mémoires à l’encre indélébile des mythes. L’aura scientifique du solutréen associé à la puissante image des chevaux chutant dans l’abîme donneront à Solutré une notoriété durable, ancrée dans la nuit des origines.

Suite à un incident qui révèle les lacunes de la compréhension de la stratigraphie du site (l’incident de l’anneau en 1873), Adrien Arcelin reprend l’étude de Solutré avec Antoine Ducrost, curé du village et professeur de géologie à l’Université catholique de Lyon. Il continuera encore après le décès de celui-ci jusqu’à la fin d’une vie consacrée à l’étude de la Préhistoire, de la géologie, de l’anthropologie et du gisement de Solutré. Il décède en 1904, alors qu’il travaillait encore à la rédaction d’un traité d’anthropologie. Son fils aîné Fabien poursuivra son œuvre à Solutré dès 1907, en compagnie d’un jeune abbé, Henri Breuil, qui allait révolutionner la Préhistoire…

Gravure d’Emile Bayard utilisée pour L’Homme primitif de Louis Figuier en 1870 et Solutré ou les chasseurs de renne de la France centrale, par Adrien cranile, 1872.

A sa mort, son fils Fabien poursuivra ses travaux à Solutré.

de gauche à droite , Henri Testot-Ferry, Adrien Arcelin et les aides Bulland, père et fils. Entre 1866 et 1869. Collection particulière.