Lucinda et Pascal Schimpf

D’où venez-vous ?

L : je suis originaire de la région, je suis née à Mâcon.
P : moi je suis Alsacien, bourguignon d’adoption.

Pourquoi ce métier ? Quel est votre parcours ?

L : Les études et moi ça faisait deux (rires). J’ai arrêté après le Bac, j’étais en recherche et j’avais toujours été attirée par les métiers d’art. L’école d’art de Mâcon proposait des cours, en loisirs, et le prof de ces ateliers a remarqué mes aptitudes et mon intérêt, il m’a suggéré de me former pour développer mon potentiel. Ensuite j’ai fait la formation CNIFOP à Saint-Amand en Puisaye il y a 20 ans, j’ai rencontré Pascal qui suivait aussi cette formation, je l’ai ramené dans mes valises et ça fait maintenant 18 ans qu’on est installés.
P : moi j’ai commencé la poterie par hasard. J’avais commencé les arts plastiques, mais l’école, pour moi non plus, c’était pas un milieu où j’allais pouvoir avancer. A Strasbourg, j’allais aux cours de l’école municipale des arts décoratifs J’étais en contact avec quelqu’un qui était potier, mais à l’époque ça ne m’apparaissait pas comme la direction à suivre. Et au fil du temps, après avoir fait d’autres métiers, travaillé dans le milieu associatif à la programmation de concerts, écrémé différentes pistes, j’ai enfin ouvert les yeux et la poterie m’est apparue comme une voie à suivre. J’ai entamé la formation CNIFOP et tout s’est enchaîné très vite ensuite.
L : ce qui est marrant, c’est qu’on a tous les deux suivi une formation artistique, mais on ne s’est jamais vraiment retrouvés sous l’étiquette « artiste ». Alors que l’artisanat d’art, même si c’est proche, c’est aussi très différent : on est dans la fabrication de l’objet, qui doit répondre à un besoin, qui doit être fonctionnel, tout en y apportant notre créativité et notre sensibilité. L’artisanat d’art c’est un vrai métier, avec un savoir-faire, pas une simple interprétation artistique.
P : oui, on est vraiment des « fabricants ». Le monde de l’art, même si on a du respect pour tous les artistes, c’est vraiment pas notre milieu.
L : c’est drôle aussi des fois comme les chemins se recroisent. Depuis nos débuts il y a 18 ans, on a changé de production. On a laissé de côté les objets types vaisselle, vases qu’on produisait en grande quantité, pour se tourner plutôt vers les luminaires. On a changé notre production, mais aussi notre manière de travailler. On vend toujours des objets clés-en-main, mais on travaille aussi sur des projets uniques, sur-mesure, pour créer une ambiance lumineuse. On aime beaucoup ça, ça crée de la proximité avec nos clients. On a une clientèle très variée, et les gens nous font entrer chez eux, dans leur intimité. Les personnes qui ont chez eux un luminaire de notre atelier, c’est un peu comme s’ils faisaient partie du club « Luciole » ! (rires).
Finalement, on s’appelle « La Luciole », en référence à mon prénom à l’origine, et aujourd’hui on fait beaucoup de luminaires, même si ce n’était pas une volonté ancrée, c’est venu naturellement.

Pourquoi ici ?

P : Après la formation, on a passé deux ans à aller d’atelier en atelier, pour consolider notre formation. Ensuite on était à cheval entre l’Alsace et la Bourgogne, nos régions d’origine.
L : en Alsace, il y a déjà deux villages traditionnels, alors s’installer avec une production non-traditionnelle, ça aurait sans doute été plus compliqué. Moi j’étais originaire de Prissé, et j’adore ma petite Bourgogne ! On a cherché un appartement, qu’on a trouvé sur Pierreclos, et en parallèle j’ai participé à un « défi jeune » organisé par la DDJS, j’ai monté un dossier et on a pu avoir une aide financière pour s’installer. A Pierreclos, la Poste allait déménager, et on a pu récupérer les locaux pour installer la poterie.
P : avec le recul, je peux dire que pour rien au monde je ne retournerai vivre en Alsace.

Votre endroit préféré sur le Grand Site ?

P : En ce moment on passe tous les jours à la Grange du Bois pour emmener notre fille au Lycée, et là il y a cette vue, avec les deux roches, parfois le Mont-Blanc. J’aime bien sûr la Roche de Solutré, mais en fait j’aime beaucoup tout ce coin-là : Solutré, Vergisson, etc. Par contre, on vit à Cenves, au quotidien on préfère : il y a moins de vigne, plus de sauvagerie dans le paysage.
L : Moi j’ai grandi ici, alors les vignes elles font partie de mon environnement, je les aime. Il y a un autre endroit que j’adore et où i l y a une vue extraordinaire, c’est le Col du Carcan, en direction de Cenves, et de là il y a la vue sur les deux vallées : celle de Tramayes, et le Mâconnais de l’autre côté. C’est un point de vue moins connu, mais je l’adore.
P : il y a aussi la Madone, de Cenves. C’est aussi un point de vue extraordinaire.

Votre meilleur souvenir sur le Grand Site ?

L : grimper sur la Roche de Solutré, c’est un vrai pèlerinage, on le fait chaque année. Elle fait partie de notre vie. Mais notre moment fort, c’est l’année 2000 : notre mariage à Pierreclos, la création de notre entreprise.
P : les deux autres moments forts, ce sont nos filles, elles ont 15 et 13 ans aujourd’hui.