Puzzle de biodiversité

Isolés, les espaces naturels ne peuvent pas fonctionner durablement. Ensemble, ils se conjuguent sous la forme de réseaux écologiques, constitués de plusieurs continuums imbriqués aux caractéristiques physiques et biologiques propres : continuum des milieux boisés, des milieux secs, des zones humides…. Sur le Grand Site, la diversité des entités paysagères et des milieux est une véritable richesse, mais elle est menacée.

Des milieux à protéger

En France, comme dans le reste du monde, la biodiversité est aujourd’hui en danger.
Le phénomène de fragmentation des milieux naturels, conséquence des activités humaines sur les territoires, est identifié depuis une dizaine d’années comme l’une des premières causes de disparition des espèces.
Cette prise de conscience conduit à reconsidérer la gestion des milieux naturels sous l’angle de réseaux écologiques. Ne se focalisant plus sur la protection de sites ou d’espèces pris individuellement, il s’agit désormais de développer une approche de gestion globale de ces milieux.

Et sur le Grand Site ?

Partant des milieux exceptionnels des pelouses calcaires, il est possible de caractériser le continuum écologique du Grand Site de la façon suivante :

  • réservoirs de biodiversité couvrent 120 ah et correspondent au site Natura 2000 des « Pelouses calcicoles du Mâconnais » : Mont Sard, Roche de Vergisson, Roche de Solutré, Mont de Pouilly et Mont de Leynes. Au sein de ces entités, les habitats de pelouses se trouvent dans un état de conservation globalement satisfaisant. Toutefois, sur certains secteurs, tels que les versants aux pentes raides entourant les roches, ces milieux sont imbriqués avec les fourrés arbustifs, favorisant leur morcellement.
  • 35 sites relais couvrent 44 ha. Disséminés au sein du territoire, ces sites se caractérisent par des habitats de pelouses très fragmentaires, en mosaïque, avec des fourrés arbustifs.

Les réservoirs de biodiversité et les sites relais occupent ainsi seulement 2% de la superficie du territoire. Ce chiffre traduit la fragilité de ce réseau écologique dont les principaux compartiments sont fragmentés et isolés au sein d’une matrice paysagère très peu perméable (vigne).
Seule une zone de connexion fonctionnelle a été identifiée au niveau de la vallée de Solutré, à l’est de la Grange du Bois. Dominé par des prairies bocagères, associées à quelques fragments de pelouses, ce secteur permet d’assurer une continuité écologique entre le Mont de Pouilly et la Roche de Solutré.

Différentes zones de connexion potentielle, dont la fonctionnalité reste à confirmer, ont été mises en évidence. Sur la partie ouest du territoire, ces zones sont constituées par :

  • les prairies bocagères de la vallée de l’Arlois créant une liaison probable entre le Mont de Leynes et le Mont de Pouilly ;
  • les prairies bocagères et les lisières forestières à l’est et au nord du massif du Torvon composant une liaison probable entre la Roche de Solutré, la Roche de Vergisson et le Mont Sard.

Des risques à contenir

Sur la partie est du territoire, entre les Roches et la vallée de la petite Grosne, les zones de connexion s’organisent de façon plus complexe autour de différents sites relais, de quelques prairies bocagères et de lisières forestières. Ce secteur, largement dominé par le vignoble, présente de nombreuses zones de rupture dans le continuum de pelouses. Le phénomène s’observe en particulier autour du Mont de Pouilly, avec l’absence de site relais et l’omniprésence du vignoble. Sur ce secteur, l’absence de couverts végétaux naturels ou semi-naturels, de types bandes enherbées, pelouses relictuelles aux abords de vignes, rend les milieux imperméables à la dispersion et aux déplacements des espèces associées aux habitats de pelouses.

La fonctionnalité du réseau de pelouses calcicoles se trouve donc très altérée sur le territoire des Monts du Mâconnais, en particulier sur le périmètre du Grand Site de France Solutré Pouilly Vergisson. Au-delà des réservoirs de biodiversité, des secteurs à forts enjeux écologiques nécessitent une attention particulière pour limiter les discontinuités et les zones de rupture du continuum : la vallée de Solutré (Grange du Bois), la vallée de l’Arlois, les pieds de versant du Massif du Torvon et les sites relais aux environs de la Roche de Solutré et de la Roche de Vergisson.