Natura 2000

sur le Grand Site

Le Grand Site de France Solutré Pouilly Vergisson comprend un site Natura 2000. Il s’agit des « Pelouses calcicoles du Mâconnais » (FR2600972). Basé sur celui des Zones Naturelles d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF), le périmètre Natura 2000 se divise ici en cinq entités, réparties sur le territoire, et représente environ 160 ha. Ces pelouses calcaires, associées aux forêts, buxaies, falaises et éboulis, sont inscrites depuis 2002 au titre des Sites d’importance communautaire.

Un site Natura 2000 bénéficie de la mise en place d’actions de préservation et de gestion. Le Document unique de gestion définit, dans le cadre des politiques publiques en faveur de la biodiversité et du paysage, la ligne directrice des actions menées. Co-construit avec les acteurs du territoire, il présente un diagnostic, fixe les objectifs de préservation du patrimoine naturel et paysager, et décline un plan d’actions sur 10 ans. 

Les pelouses calcaires

Etat des lieux

Les pelouses de la Côte mâconnaise sont dans un bon état de conservation global, mais elles ne représentent aujourd’hui que 25% de la superficie des entités. La surface de pelouses sèches a régressé au profit des formations arbustives, notamment du buis. La colonisation des ligneux a favorisé le morcellement et la fragmentation des pelouses. Certains secteurs se retrouvent isolés « sous forme de clairières » et sont déconnectés des autres entités de pelouses.
Depuis le début des années 2000, des actions ont été engagées pour la conservation de ces milieux dans le cadre du Programme Life « Forêts et habitats associés de la Bourgogne calcaire », puis de la mise en œuvre du Document d’Objectifs du site Natura 2000 avec l’appui du Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne. 

Pour garantir leur conservation, des actions de préservation de ces milieux restent nécessaires. Les pelouses de la Côte mâconnaise, outre leurs intérêts intrinsèques, s’insèrent dans un réseau de pelouses calcaires beaucoup plus vaste sur la région et jouent un rôle majeur de corridors écologiques. A l’extrême sud de la Bourgogne, elles assurent une fonction de « charnière » entre les pelouses des Côtes dijonnaises et chalonnaises au nord et la vallée du Rhône au sud.

Principes d’entretien des pelouses calcaires

Le pâturage extensif

Pour lutter écologiquement, et durablement, contre l’altération et la disparition par embroussaillement progressif des pelouses calcaires, le pâturage et la fauche restent les meilleures solutions. Sur l’ensemble des sites, ils permettent le maintien des pelouses et contribuent, pour les agriculteurs, à leur valorisation économique (production de foin par exemple). La mise en place d’une gestion pastorale doit considérer différents paramètres pour garantir une conduite optimale de ces milieux : le choix du type d’animaux (moutons, chevaux…), la race, le nombre de bêtes, la surface à pâturer, le type de végétation présente, la quantité de la ressource fourragère, la fragilité des sols, les équipements pastoraux à prévoir (clôture, abreuvoir…), la période et la durée du pâturage.

L’élaboration d’un plan de pâturage, en lien avec les partenaires agricoles, permet de définir les modalités d’intervention répondant à des objectifs agroécologiques.

La fauche

Sur certains sites, une intervention mécanique peut être pertinente et le recours à la fauche est réalisable. Pour permettre à la faune de s’échapper, une fauche tardive est réalisée en « cercles concentriques » du centre de la parcelle vers l’extérieur.

La gestion pastorale et mécanique permet de poursuivre la restauration et l’entretien des pelouses calcaires du Grand Site. Le plus souvent dans le cadre d’un partenariat agricole, des actions sont mises en œuvre sur l’ensemble des sites. Par exemple, lorsque les fourrés arbustifs sont trop denses, une restauration mécanique par broyage s’avère nécessaire. C’est un préalable à la mise en place du pâturage, mais il permet aussi de reconnecter les pelouses pour favoriser la circulation des animaux.

Depuis 2002, sur la Roche de Solutré et le Mont de Pouilly, le pâturage des Konik polski entretient les pelouses. Ces chevaux rustiques, descendant du cheval Tarpan, constituent un très bon outil de gestion et offrent aux nombreux visiteurs un spectacle empreint d’histoire. Un plan de pâturage encadre l’opération conduite par la commune de Solutré-Pouilly et le Grand Site.

Des suivis réguliers

Pour gérer au mieux les milieux naturels et protéger leur biodiversité, il est important de bien les connaître. Suivre leur évolution au regard des mesures mises en place permet d’en évaluer l’efficacité.

Des suivis écologiques permettent d’évaluer l’évolution des milieux naturels, de localiser et caractériser les stations d’espèces protégées ou patrimoniales. Ils enrichissent la bibliothèque de données concernant des groupes faunistiques plus méconnus. De nouveaux enjeux peuvent ainsi potentiellement être découverts.
Des suivis techniques, en relation avec les partenaires, sont aussi nécessaires pour les accompagner dans la gestion des sites et garantir la bonne réalisation des travaux programmés. Ces mesures servent à assurer une traçabilité des opérations de gestion et la déclinaison du Document Unique de gestion dans le respect des préconisations. Le suivi des pratiques de gestion permet de les adapter, les ajuster ou les réorienter si besoin.
Parallèlement, dans le cadre de la Directive Habitats Faune Flore, des « évaluations de l’état de conservation » sont régulièrement menées sur les sites Natura 2000. Sur le Grand Site, cette évaluation, réalisée en deux temps, a porté sur l’état des habitats naturels de pelouses calcaires puis sur un indicateur lié aux papillons de jour.

Des outils

La mise en œuvre du programme d’actions est possible grâce aux outils Natura 2000.

• Les Contrats Natura 2000 permettent le financement d’opérations en faveur de la restauration ou l’entretien des habitats naturels. Ils s’adressent aux propriétaires ou ayants droit des parcelles situées au sein du site.
• Les Mesures agro-environnementales et climatiques (MAEC) s’adressent aux agriculteurs et visent à perpétuer les pratiques agricoles extensives à l’origine de ces milieux, par la fauche ou le pâturage.
• La Charte Natura 2000, en cours de validation, s’adresse d’une part aux propriétaires et d’autre part aux usagers de loisirs du site pour un engagement volontaire en faveur de la biodiversité.

Un cadre réglementaire a également été défini pour prévenir les impacts sur la biodiversité des sites Natura 2000. Les projets ou évènements pouvant porter atteinte aux habitats d’intérêt communautaire sont ainsi soumis à une évaluation des incidences.

Dans le cadre du dispositif Natura 2000, des financements permettent par ailleurs la réalisation d’études d’évaluation de l’état de conservation des habitats et espèces d’intérêt communautaire.
Chaque année, un Comité de suivi du site Natura 2000 se réunit pour présenter l’avancée des actions de l’année écoulée aux élus et et acteurs du territoire. 

un partenaire incontournable

Depuis sa création en 1986, le Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne, association loi 1901 reconnue d’intérêt général, œuvre pour préserver la biodiversité bourguignonne. Il fait partie d’une fédération nationale des Conservatoires d’espaces naturels présents en France.
Le Conservatoire se donne pour missions de :

• connaître et comprendre les milieux naturels et les espèces pour mieux les préserver,
• gérer et entretenir les milieux naturels par des techniques respectueuses de la biodiversité,
• protéger des sites en devenant propriétaire ou gestionnaire des parcelles,
• sensibiliser les citoyens à la préservation de la nature et faire découvrir les richesses de la région,
• accompagner les acteurs locaux et les politiques publiques en faveur de la biodiversité.

En décembre 2013, l’État et le Conseil régional ont agréé le Conservatoire au titre de l’article L.414-11 du Code de l’environnement. Ils reconnaissent l’intérêt de ses actions et lui affirment leur soutien.
Le Conservatoire gère aujourd’hui plus de 180 sites, représentant environ 5700 hectares répartis sur la Bourgogne, dont trois des quatre réserves naturelles nationales. Il s’agit de parcelles qu’il a acquises ou appartenant à des collectivités, ou des privés, qui ont souhaité lui en confier la gestion dans le cadre de conventions de partenariat. Les milieux concernés sont très variés. Forêts, tourbières, landes, marais, prairies humides ou pelouses calcicoles sont l’objet de l’attention d’une trentaine de salariés avec un ancrage territorial fort grâce à la présence d’une antenne par département.
Ces sites ont un intérêt écologique reconnu au niveau régional, voire national ou européen. Ils font en grande majorité partie du réseau à Natura 2000 ou bénéficient d’un statut de protection ou d’un classement au titre des espèces ou des milieux naturels.