La tête dans le bocage

Les prairies bocagères, ou bocage, contribuent à l’identité paysagère du Grand Site. Elément structurant de certains monts du Mâconnais, le bocage occupe une zone géologique de grès ou d’alluvions qui ne permettent pas à la culture de la vigne. Entre pratique agricole et réservoir de biodiversité ordinaire, son maintien est aujourd’hui menacé mais essentiel.

Là où l’Homme dessine le paysage

Savante association paysagère, le bocage se reconnaît par son damier de haies végétales délimitant prairies et terres cultivées. Les haies bocagères marquent les limites de parcelles qui sont souvent de tailles inégales et de formes différentes. Les prairies de pâtures associées aux haies bocagères sont des milieux issus des systèmes agricoles d’élevage

S’étendant sur 1 900 ha, le bocage occupe 25 % de la surface du Grand Site.
La commune de Cenves concentre 50 % de ces milieux, sur un sous-sol gréseux. Sur le reste du territoire, les prairies bocagères sont regroupées au sein de 3 secteurs : la vallée de l’Arlois (sur les communes de Leynes et Chasselas) sur un sous-sol alluvionnaire, la commune de Solutré-Pouilly à proximité de la Grange du Bois sur un sous-sol gréseux, et l’aval de la vallée de la Petite Grosne (sur la commune de Prissé) sur un sous-sol alluvionnaire. Les prairies subissent ici de fortes pressions et sont en nette régression suite à leur conversion en culture.

Les caractéristiques de ces prairies varient suivant leur situation (vallée, versant calcaire, versant granitique, etc.) et leur modalité de gestion agricole (pression de pâturage, régime de fauche, etc.). Sur la vallée de la Petite Grosne et de l’Arlois elles sont très souvent organisées autour du réseau hydrographique et d’importants linéaires de ripisylves caractérisées par des fragments d’aulnaie-frênaie, habitat forestier d’intérêt européen.

L’état actuel des connaissances ne permet pas de porter une analyse sur les différents types de prairies du territoire et leur état de conservation. Sur certains secteurs de la commune de Cenves et de la commune de Solutré-Pouilly, les systèmes prairiaux semblent mieux conservés avec la présence d’un bocage dense et des pratiques agricoles plus favorables à l’expression de communautés végétales d’intérêt patrimonial (prairies maigres de fauche).

Ecosystèmes menacés

Les écosystèmes prairiaux sont des milieux riches en biodiversité ordinaire. Souvent relictuels et fragmentés sur le territoire, ils sont pourtant essentiels.
Le maillage bocager joue un rôle primordial dans le bon fonctionnement des équilibres naturels. Associé aux prairies, il forme une trame verte assurant des fonctions essentielles sur le plan écologique et agricole : habitats d’intérêt patrimonial, tels que les zones humides (mouillères, ripisylves) ou les mares favorables à certaines espèces végétales et animales, corridors écologiques, cycle biologique de certaines espèces animales et végétales (odonates, lépidoptères, orthoptères, amphibiens, oiseaux, chauves-souris), fonctions hydrauliques, limitation de l’érosion, protection des cultures, abris pour les troupeaux, etc.

Pour ces différentes raisons, ces milieux sont au cœur d’un fort enjeu de conservation sur le territoire. Les fortes pressions qu’ils subissent localement altèrent toute cette fonctionnalité écologique. Leur maintien et leur développement méritent une attention particulière. Le soutien et la promotion des pratiques agricoles d’élevage contribuent à la préservation des prairies bocagères.