L'appel de la forêt

Sur le Grand Site de France Solutré Pouilly Vergisson, la forêt, ou habitats forestiers, a une véritable influence sur le plan paysager. Généralement positionnée en covisibilité avec les Roches, élément essentiel dans la trame verte, elle est également d’un très grand intérêt sur le plan de la biodiversité. Mal connus dans leurs fonctionnalités écologiques pour le territoire, les habitats forestiers sont menacés par des modes d’exploitation impactants et le changement rapide du climat.

La forêt sur le Grand Site

S’étendant sur 2 300 ha, les habitats forestiers occupent plus de 25 % de la surface du Grand Site. Ils sont très largement représentés sur la commune de Cenves qui concentre, avec une couverture forestière quasi continue sur 1 600 ha, 70 % de la superficie totale des forêts,
Sur les autres communes, les habitats forestiers sont regroupés en quelques massifs de surface plus restreinte. Disséminés au sein du vignoble, la forêt s’épanouit le plus souvent au niveau du sommet de certains monts et sur les versants à très forte pente des roches : massif du Torvon, 180 ha, massif de Fuissé, 60 ha, bois de Charnay, 50 ha, forêt communale de Bussières, 60 ha, pourtour des roches, 50 ha.

Les massifs forestiers sont couverts, à 75 %, de peuplements feuillus. Leur composition précise est encore mal connue sur le territoire, mais le plus souvent les hêtraies-chênaies-charmaies, habitat d’intérêt européen, les caractérisent.
Malgré cette forte proportion de feuillus, une partie non négligeable des écosystèmes forestiers est composée de peuplements résineux résultant de plantations : Douglas sur les roches acides, pin noir d’Autriche associé à des cèdres sur les roches calcaires. Au détriment des habitats caractéristiques du territoire, comme les hêtraies-chênaies-charmaies ou les pelouses calcicoles sur certains monts, ces plantations de résineux représentent 25 % de la surface totale des milieux forestiers (environ 550 ha). Ces essences sont peu adaptées aux conditions stationnelles avec des bois de qualité très médiocre et de faible valeur économique à maturité.

UN ÉCOSYSTÈME MENACÉ PAR LE CHANGEMENT CLIMATIQUE

Les sites cœurs de cette sous-trame forestière forment un arrière-plan constant du paysage, notamment sur les versants en covisibilité des roches (massif du Torvon et bois de Cenves par exemple). Ils sont des réservoirs de biodiversité dont les caractéristiques sont encore mal connues, mais très favorables lorsque leur structure est diversifiée. La gestion de la forêt, dite sylvicole, a une influence directe sur l’expression et l’état de conservation de ces habitats forestiers, sur l’accueil de la faune et de la flore, et sur la qualité du paysage. Elle doit tenir compte de ces enjeux écologiques et paysagers, tout en considérant que le changement climatique est à l’origine du risque de dépérissement de certaines essences, notamment des résineux.

La mixité des peuplements, le choix des essences et la régénération naturelle sont des paramètres à prendre compte dans les méthodes d’exploitation. Parmi les solutions mises en œuvre, certaines parcelles sont l’objet d’une gestion par irrégularisation des peuplements forestiers. Le maintien d’arbres morts, ou en voie de dépérissement, et la constitution d’îlots de vieillissement permettent de favoriser les micro-habitats. En effet, bois mort, arbres dépérissant et cavités associées, sont autant de niches écologiques favorables à de nombreuses espèces animales et végétales. Insectes saproxyliques, certaines espèces d’oiseaux et de chauves-souris, champignons lignicoles, mousses et lichens y trouvent refuge.