Précieux écosystème
Sur les roches et les monts, les milieux naturels sont principalement composés de pelouses calcaires, falaises et pierriers. Ils sont le fruit d’une exploitation humaine qui a favorisé la naissance d’un écosystème particulier, riche et inféodé à cette microrégion. Aujourd’hui protégés par le dispositif Natura 2000, ces milieux fragiles et menacés sont l’objet de toutes les attentions.
Là où se conjuguent la nature et la main de l’homme
Au fil du temps l’intervention de l’Homme a profondément modifié le paysage et les milieux originels du site. Initialement couvertes de forêt, les parties sommitales des Roches de Solutré et de Vergisson (ainsi que celles du Mont de Pouilly, et, hors périmètre du Grand Site, du Monsard à Bussières et du Bois de Fée – Mont de Leynes) ont été défrichées à la faveur de l’agriculture. Jusqu’au milieu du XIXe siècle, la polyculture est répandue au sein les exploitations, l’élevage représente alors un complément de revenu nécessaire. Les femmes et les enfants emmènent les animaux paître sur les pelouses des Roches. Le pâturage et les brûlages réguliers entretiennent les milieux. Les plantes ont dû s’adapter à un sol très pauvre et très sec en été, en constituant, dans leurs feuilles et tiges, d’importantes réserves. La végétation y est tellement riche sur le plan nutritif qu’elle permet alors d’engraisser les animaux, conduisant à donner aux espaces de pâturage le nom de prairies d’embouche. Elles abritent aujourd’hui un milieu spécifique : les pelouses calcicoles (ou pelouses calcaires). Ces espaces sont de vastes étendues de pelouses rases, aussi appelées teppes, recouvrant un sol pauvre et peu profond. Cette même formation végétale se retrouve en continu, du sud au nord, sur le dos des roches et des monts du Mâconnais.
Situé juste au-dessous de la zone de rupture climatique entre le nord et le sud, le Mâconnais est soumis à un climat continental teinté d’influences méditerranéennes atténuées de quelques influences atlantiques et montagnardes. Ces phénomènes météorologiques, la coexistence de sols cristallins, calcaires et argilo-calcaires (la rapide disparition des eaux de pluie dans les nombreuses fissures rend le sol sec et aride), l’altitude des reliefs et leurs expositions, sont autant de facteurs qui contribuent à la richesse du milieu.
La faune est ici reine. La mosaïque de falaises, pelouses calcicoles et forêt, offre au Bruant ortolan, au Hibou grand-duc, au Grand Corbeau, des zones de nidification idéales. L’Alouette lulu, la Pie-grièche écorcheur et l’Engoulevent d’Europe, apprécient les zones herbeuses des pelouses calcicoles ponctuées de buissons.
Dans une envolée colorée, les insectes tels que le Papillon flambé, la Mante religieuse ou l’Œdipode turquoise sont très courants sur les Roches. De nombreux reptiles pointent le bout de leurs écailles à la belle saison au cours de laquelle le Lézard à deux bandes ou la Couleuvre verte et jaune peuvent être de sortie.
Mais une richesse en danger
Issues d’un héritage pastoral, les pelouses calcaires sont reconnues comme des milieux emblématiques de la Bourgogne. Elles forment aujourd’hui des « cœurs de biodiversité », mais sont fortement menacées de disparition.
Dans les années 1950, la monoculture a évincé la polyculture. L’exploitation exclusive de la vigne a permis de faire vivre les familles sans activité annexe d’élevage, délaissant ainsi les zones peu productives et difficiles à exploiter. Les pelouses calcaires ont été abandonnées, offrant à la nature l’occasion de reprendre ses droits. Genêts et chênes pubescents s’y sont installés, le long des chemins, et le buis s’y épanouit en de nombreux bosquets, dont les racines risquent de faire éclater les roches et d’accélérer ainsi leur érosion.
Cette fermeture des milieux, c’est-à-dire l’accroissement de la présence d’arbres, première étape vers la restauration de la forêt originelle, est une évolution naturelle et climacique. Mais elle est désastreuse pour le paysage et pour la diversité biologique qu’accueillent les pelouses calcaires.
D’autres menaces pèsent sur ce milieu si riche et si fragile :
- l’enrésinement, fréquent dans les années 80, finit par s’étendre si on ne le contrôle pas régulièrement,
- le développement d’espèces envahissantes venues des remblais et des jardins (robinier faux acacias, sumac),
- le piétinement des visiteurs,
- les pratiques sportives, et de loisir, de véhicules tout terrain.
La Roche de Vergisson est l’objet d’un arrêté préfectoral de protection du biotope depuis du 13 juin 1991.Plus largement, la diversité biologique présente ici, caractérisée par la présence d’espèces rares et d’associations végétales remarquables, est reconnue au niveau européen : les Roches de Solutré et Vergisson, le Mont de Pouilly, le Bois de Fée et le Monsard, sont aujourd’hui intégrés au réseau Natura 2000. Ces cinq reliefs sont également inscrits à l’inventaire des Zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF ) de type I.