Des vignes et des Hommes
La culture de la vigne occupe plus d’un tiers du territoire du Grand site de France Solutré Pouilly Vergisson. Ici, le vignoble, réputé depuis le Moyen-Âge, doit son expansion à sa proximité avec Mâcon, cité comtale et épiscopale. Au carrefour des grands axes de communication nord-sud, la ville devient alors une place importance du commerce des vins du Mâconnais et du Beaujolais voisin. C’est ainsi que la culture de la vigne façonne le paysage.
Un paysage façonné par l’homme
Véritable ossature des paysages du Mâconnais, les durs bancs calcaires d’âge jurassique sont visibles aux sommets dénudés de Solutré et Vergisson. A l’inverse du Mâconnais central et de ses larges vallées d’orientation nord sud, la topographie est ici irrégulière et le relief déchiré de nombreuses failles. La vigne s’est établie à l’extrémité sud, sur les éboulis marno-calcaires, où elle tapisse coteaux abrupts et profonds vallons lui offrant toutes les orientations. Avec plus de 8 000 pieds par hectare (10 000 m²), les rangs dessinent un cadrillage aux traits étroits et alignés.
Les usages locaux se traduisent par un mode de conduite propre à ce territoire et ignoré en Bourgogne septentrionale. Sur la base de la taille hivernale, préconisée par le docteur Jules Guyot vers 1860, les vignerons guident les plants de Chardonnay avec la taille dite « à queue », ou conduite en arcure, contribuant à la singularité du paysage viticole en hiver.
Berceau du Chardonnay
Universellement réputé, ce plant, cosmopolite par excellence, n’a pas trouvé moins que le monde pour terre d’acclimatation. S’il est le deuxième cépage blanc le plus planté au monde en ce début de XXIe siècle, c’est bien en Mâconnais que le Chardonnay s’enracine. Le fameux cépage est explicitement nommé et qualifié de « meilleur » dans les documents d’archives datant de la fin du XVIIe siècle.
Dès 1850, les ampélographes, étudiant la géographie et les pratiques viticoles, distinguent du nord au sud, Chablis, Meursault et Pouilly, trois villages où la production de vin blanc dépasse celle du vin rouge. Parmi les côteaux dominés par le rouge Gamay, Pouilly est qualifié dans leurs écrits de « centre des vins blancs du Mâconnais » et de « filon blanc ». Comme un présage des décrets d’appellation d’origine contrôlée, les vins blancs du territoire sont classés en première catégorie qualitative dès la deuxième moitié du XIXe siècle.
De nos jours, en cette partie sud de la région, le Chardonnay occupe plus de 80% de la surface agricole plantée en vignes, véritable exception en Bourgogne.
Des vins de grande renommée
Les échelons de la pyramide des appellations Bourguignonnes s’étendent de l’appellation régionale la plus large à la plus confidentielle, celle des 33 grands crus.
Aux deux premiers niveaux de cette pyramide, le Mâconnais présente une hiérarchie qui lui est propre. Si le populaire Mâcon désigne ordinairement les vins de la région, 27 villages peuvent réglementairement y accoler leur nom, affirmant ainsi avec davantage de précision leur origine. Parmi ceux-ci, Charnay-Lès-Mâcon, Fuissé, Prissé, Solutré-Pouilly et Vergisson, sont compris dans l’aire géographique du Grand Site.
Depuis le décret d’appellation d’origine du 31 juillet 1937, les vignerons de ces 5 villages produisent 5 cuvées de la grande famille des vins de Mâcon, à la robe d’or pâle et aux arômes chantants:
Mâcon-Charnay-les-Mâcon : produit sur environ 70 hectares, principalement en blanc à partir du Chardonnay et de façon confidentielle en vin rouge à partir du cépage Gamay, typique du beaujolais tout proche.
Mâcon-Fuissé : produit sur environ 45 hectares en vin blanc.
Mâcon-Prissé : revendiqué sur environ 90 hectares notamment en vin rouge à partir du Gamay.
Mâcon-Solutré-Pouilly : produit sur environ 40 hectares uniquement du vin blanc.
Mâcon-Vergisson : sur environ 10 hectares ne produit que du vin blanc.
Au sommet de la hiérarchie mâconnaise trônent les 5 appellations communales du Mâconnais, dispensées par voie réglementaire de faire référence au nom de Mâcon. Ce sont les 3 Pouilly : Fuissé, Loché, Vinzelles, Saint-Véran et Viré-Clessé. Deux d’entre elles, dont la réputation internationale reconnaît une complexité aromatique caractéristique, sont produites au cœur du Grand Site :
Le Pouilly-Fuissé, reconnu par le décret d’appellation du 11 sept 1936 est produit sur les communes de Fuissé, Solutré-Pouilly, Vergisson et Chaintré, soit au total plus de 750 ha. En 2020, après quinze ans d’efforts et douze ans de procédures auprès de l’INAO, les vignerons ont obtenu la reconnaissance en « Premiers crus » de 22 climats de l’appellation Pouilly-Fuissé.
Le Saint-Véran, reconnu par le décret d’appellation du 6 janvier 1971, inclut les communes de production de Chânes, Chasselas, Davayé, Leynes, Prissé, Saint-Vérand, Saint-Amour Bellevue et Solutré-Pouilly pour partie sur plus de 700 ha. Depuis 2010, l’Union des Producteurs du Cru Saint-Véran, œuvre auprès de l’INAO pour l’obtention d’une classification en « Premiers Crus » de certains climats.
Statistiques 2012 Union des Vins Macon – BIVB.
Pour en savoir plus sur le Pouilly-Fuissé, rendez-vous sur le site officiel.
Pouilly-Fuissé, grand de Bourgogne