Comprendre la Préhistoire au musée

Entre pédagogie et activités ludiques, le parcours permanent présente les objets remarquables issus des recherches archéologiques à Solutré et dans le Mâconnais. Près de 600 objets préhistoriques originaux s’exposent aux curieux. Admirez fossiles, animaux chassés, outils, restes humains et œuvres d’art. Apprenez à travers vidéos didactiques, quiz tactile et maquettes en 3D. Explorez la vie, l’environnement et l’art des communautés de la Préhistoire.

Voyager au fil de la Préhistoire 

Le parcours permanent débute par la séquence des principales périodes du Paléolithique, moyen et récent, conservées dans les archives sédimentaires de Solutré. L’occupation préhistorique du Grand Site remonte aux derniers néandertaliens laissant après eux les vestiges du campement de plein air de Solutré Village et sous les abris de la Roche de Vergisson. C’est de là que provient une série de restes humains néandertaliens exceptionnelle, présentée ici en exclusivité.

À Solutré, tout a commencé par la mise au jour des feuilles de laurier, pointes foliacées retrouvées en abondance sur le gisement, qui ont permis d’établir au XIXe siècle les caractères du Solutréen, culture et période du Dernier Maximum Glaciaire. Admirez, les variations de la forme des pointes en os ou en silex au cours du temps long rappelant la place importante de cette activité en faveur de la chasse, partie visible de nombreuses pratiques incluant la cueillette, le piégeage de petits animaux ou d’oiseaux… Ces pointes en os armaient des sagaies, projetées à l’aide de propulseurs.

Découvrir la Faune et les milieux

La déambulation offre ensuite au regard les restes d’animaux retrouvés, illustrant la richesse de la biodiversité des paysages disparus et leur cortège de mammifères glaciaires. Découvrez les rennes, bisons, grand cerf, chevaux, mammouths et prédateurs tels que le loup, l’ours et le renard, dont le lieu était le gîte. Puis, les outils de pierre et d’os permettent d’évoquer la vie quotidienne. Admirez les percuteurs de pierre et de bois de cervidé pour la taille du silex, outils dédiés au travail des peaux, leur tannage ou leur découpe, au façonnage des matériaux dures (bois, os, pierre), au perçage des chas d’aiguille en os ou des coquillages utilisés comme ornements. Découvrez comment, au gré des variations du climat, la végétation s’adapte et évolue.

Vivre la Préhistoire

Les maquettes pédagogiques donnent à voir l’état des connaissances sur le site. La vie des nomades de la Préhistoire semble s’animer sous vos yeux dans une expérience unique d’apprentissage et de sensations. Imaginez…un site de chasse fréquenté lors des déplacements saisonniers des troupeaux de grands herbivores, entre plaine et monts… les chasseurs en embuscade les poussant contre le flanc de la roche durant des épisodes de chasse à la stratégie élaborées. Vivez l’excitation de la chasse, écoutez le grondement du galop des chevaux et leurs hennissements déchirant la plainte du vent, sentez l’odeur de la poussière soulevée par leurs sabots rapides !

Après la chasse, l’exploitation des carcasses occupe tous les membres du groupe : vieillards pleins d’expérience, femmes allaitantes, hommes et enfants. Dépeçage, boucherie, récupération des tissus mous utiles peau, langue, boyaux, tendons occupent chacun. Le cuir sèche au soleil, planté sur des piquets de bois fichés dans le sol avant d’être gratté et tanné. Les filets de viande prélevés sont boucanés par fumage auprès des grand foyers où brûle de l’os. L’odeur âcre et la fumée noire emplissent le bivouac de tentes. En retrait du campement, un loup charognard attend son tour…

Admirer l’art de la préhistoire

Le Musée de préhistoire de Solutré révèle bien d’autres trésors. Depuis 1866, les fouilleurs ont découvert de nombreux vestiges en os décorés d’encoches, de marques rythmiques. Admirez des dents percées ou rainurées, éléments de collier ou décor de vêtements élaborés, égarés il y a des millénaires. Parfois ce sont des perles d’ivoire, dent d’ours travaillée pour sa suspension ou plaquette d’ivoire gravée d’un décor géométrique arrondi. Depuis 40 000 ans, les communautés humaines arborent un univers de signes et de symboles : figurines acéphales de rennes sculptées dans les galets de chaille, têtes de cervidés sans corps, plaquette de schiste gravées de chevaux ou d’un motif abstrait de lignes sécantes.

Deux chefs d’œuvres uniques vous éblouiront : une petite figurine de mammouth solutréenne sans tête, découverte en 1973, et le renne de profil semblant courir depuis le Magdalénien, il y a plus de 15 000 ans, découvert en 1988 dans le sondage I11.

Se laisser conter l’aventure de la Préhistoire

Le site de Solutré compte parmi les premiers gisements préhistoriques explorés en France à partir des années 1860. Les découvertes, mais aussi les errements et les erreurs d’interprétation des pionniers, ont contribué à écrire l’histoire de la préhistoire. Elles ont forgé ses repères chronologiques avec la création du Solutréen en 1869 et 1872. Le site témoigne également de l’évolution des méthodes de recherches en archéologie préhistorique.

D’abord centrées sur la découverte d’objets pour la collection et leur valeur emblématique (fossile directeur), les recherches ont peu à peu pris en compte l’importance de leur position stratigraphique. La place des objets au sein de l’empilement des niveaux de sédiments permet d’y lire la chronologie des occupations et d’ordonner l’évolutions des témoins matériels abandonnés par l’homme (1872-1889). Ces données stratigraphiques précises conduisent, en 1907, à la révision de la chronologie du Paléolithique au cours d’une controverse scientifique appelée la bataille de l’Aurignacien (1906-1912).
De la même façon, reprenant une ancienne erreur d’interprétation des premiers fouilleurs, les recherches des années 1923-1928 ont pour ambition de découvrir des sépultures préhistoriques. Elles seront invalidées en 1973 par la datation au carbone 14 d’un squelette, datant de l’Antiquité tardive.

La reprise des recherches de 1968 à 1998, sous la direction de Jean Combier, puis de Jack Hofman et Anta Montet-White, contribue à une meilleure compréhension de la formation du gisement au sein des éboulis de pente. Elle clarifie le cadre chronologique des occupations par des datations et livre des données paléo-environnementales précises grâce, notamment, à l’analyse palynologique et à l’étude des restes de micro-mammifères.

Le mythe de la Chasse à l’abîme

Le site préhistorique de Solutré suscite la fascination depuis la fin du XIXe siècle. On raconte que les milliers d’ossements retrouvés sur le gisement proviendrait de massacres de chevaux, précipités depuis le haut de la Roche. Mais cette légende provient d’un roman, écrit par Adrien Arcelin, inventeur et premier fouilleur du site, qui entreprit de partager ses découvertes avec le grand public sous la forme d’un roman illustré paru en 1871-1872. L’illustration qui accompagne la scène frappe l’imaginaire populaire et sera reprise et imitée tout au long du XXe siècle, notamment à des fins éducatives.

Image30©Emile Bayard