Lumière sur...

…un territoire d’exception. Car il est bien question d’exceptionnel lorsque l’on évoque le Grand Site de France Solutré Pouilly Vergisson. À l’extrême sud de la Bourgogne Franche-Comté, en Saône-et-Loire, la célèbre Roche de Solutré vous accueille de tout son aplomb en Mâconnais. Site archéologique marqué par la Préhistoire, espace naturel sensible, vignoble renommé et ensemble de villages au patrimoine bâti exceptionnel, rien de moins que l’envergure d’un Grand Site.

Alphonse Marie Louis de Prat de Lamartine

Deux navires pétrifiés surplombant une mer de vignes

Alphonse de Lamartine

Une composition paysagère unique

Sa composition paysagère singulière est constituée, en son cœur, d’incroyables roches aux silhouettes harmonieusement découpées, celles de Solutré et de Vergisson. Le bien nommé « Mont » de Pouilly offre au regard un relief plus rond et plus doux. Ces éperons superbes dominent les vignes réputées des grands crus de Pouilly-Fuissé et de Saint-Véran, les villages viticoles typiques du Mâconnais, le bocage et la forêt. Cet ensemble patrimonial prestigieux compose un site spectaculaire et insolite, un haut lieu occupé par l’Homme depuis au moins 55 000 ans, l’emblème de toute une région.

Ce sont d’abord les éléments minéraux qui accrochent le regard. Ces deux Roches, promontoires majestueux issus du soulèvement des plaques tectoniques, sont les points de repères identifiables de ce grand paysage, des belvédères qui invitent à la contemplation.

L’Homme est omniprésent, indissociable de l’histoire de ce paysage qu’il a façonné, paysage mouvant à l’échelle des temps, extrêmement vivant à l’instant présent. En y regardant bien, tout donne le sentiment d’un espace très entretenu, très jardiné, très travaillé.

Ici, les prairies du bocage aux formes carrées et rectangulaires dont les bords sont marqués par des lignes de fossés, de haies d’arbres et d’arbustes.

Là, les petites parcelles viticoles aux formes géométriques variées s’imbriquent les unes dans les autres comme un jeu de casse-tête de pentominos. Les nombreux chemins, ou chaintres, qui bordent ces parcelles, les murets en pierre sèche qui les entourent pour former des clos, ou marquent un peu plus les linéaires et les reliefs, confortent ce puzzle paysager.

Un paysage vivant

Les segments droits de la vigne comblent les formes de ce puzzle. Les rangs, dans le sens de la plus grande pente, sont rythmés de façon arithmétique par les piquets. Les fils de palissage galvanisés reflétant les rayons du soleil, renforcent cette structure, la font rayonner.

De temps en temps, au cœur de la géométrie et de la pureté des lignes, un arbre isolé, un fruitier, un amandier, un cerisier de Sainte Lucie, ou une cadole, viennent ponctuer un angle ou un croisement. De plus en plus rares, ces éléments du patrimoine local sont menacés de disparition.

Les pelouses calcaires occupent les pentes abruptes des coteaux, dans leur partie quasi sommitale. Ce milieu est riche et précieux, reconnu d’intérêt européen par son classement Natura 2000. Mais son évolution naturelle, qualifiée de climacique, est le retour au boisement arbustif puis arboré. L’Homme parvient à maintenir le milieu ouvert pour préserver un biotope unique et précieux.

Il y a tant de diversité sur ce si petit territoire. Alliant le minéral au végétal, tout ici est contrastes et paradoxes : la météo et les saisons, les points de vue et les perspectives. Jamais ce site n’est le même, d’une heure à l’autre, d’un jour à l’autre, d’une saison à l’autre. La luminosité du jour, de l’aube, du crépuscule ou de la nuit, la couverture nuageuse, les couleurs des feuilles, la neige, le givre, les ombres…sont autant de paramètres qui en modifient la lecture et la perception. Ils le rendent chaque jour unique, magique, le personnifient parfois pour le voir tantôt en colère, tantôt souriant, tantôt endormi.

L’émotion que ce paysage suscite en chacun de nous est tout à la fois universelle, intrinsèque, mais aussi intimement liée à notre ressenti personnel, à notre propre identité, à notre histoire et à nos souvenirs. Un son, une odeur, un toucher, éveillent alors des sentiments conscients et inconscients.

Pour toutes ces raisons, ce site et ses caractéristiques paysagères sont l’objet, depuis le début du XXème siècle, de mesures de protection et de préservation successives.