Matière : os. Longueur : 15,4 cm. Largeur : 9,1 cm. Épaisseur : 1,4 cm.

Renne gravé sur ilion de cheval

Le site de Solutré s’intègre dans les réseaux artistiques européens du Paléolithique supérieur, comme en témoignent les objets découverts lors des fouilles. Les sculptures d’animaux en ronde-bosse découvertes en 1868 et 1869 par Henri Testot-Ferry puis l’abbé Antoine Ducrost, sont les premières figurines préhistoriques en pierre découvertes.

Plus récemment, le petit mammouth mis au jour par Jean Combier en 1973 et d’autres représentations de cervidés (Fig. 4 et 5) s’ajoutaient à la liste des rondes-bosses en chaille solutréennes de Solutré. D’autres objets décorés sur calcaire, sur schiste, sur bois, ivoire et os d’animaux ont été mis au jour dans différents niveaux du gisement, la plupart portant un décor abstrait (signes, incision rythmiques) et quelques-unes des représentations animales.

En 1987, lors d’un sondage en bordure du secteur I11, dans la zone dite de la Terre Sève, à quelques dizaines de mètres au Sud-Ouest du gisement historique du Crot du Charnier, Jean Combier, Bernard Gély et Jean-Louis Porte découvrent les esquilles d’un ilion (os de la hanche) de cheval fragmenté. Les morceaux recollés laissent apparaître une représentation de renne, de profil, avec des contours fortement marqués (Fig. 1). La gravure provient d’un niveau daté par le carbone 14 à 14 570 +/- 130 BP (pour before present), correspondant à un âge réel d’environ 17 500 ans (entre 15 795 et 15 198 avant notre ère).

Fig. 1
Fig 2

L’utilisation du support et l’attitude donnée à l’animal démontrent la maîtrise du graveur magdalénien qui laisse la figuration vivante et naturaliste d’un renne, gibier central et recherché par les artisans du Magdalénien moyen, en particulier pour la fabrication d’armes et d’outils en bois de cervidé.

La gravure exploite toute la surface disponible offerte par le replat naturel du bassin de cheval. Les bois épousent le rebord de l’os. Le trait de gravure profond dégage la tête de l’animal en champ-levé au-dessus de la surface. La position de l’animal tourné vers la gauche est dynamique. La tête inclinée, et le cou tendu en avant, ainsi que la position générale du corps, évoquent une course saisie sur le vif. L’impression renforcée par la double courbe formée par la ligne de dos et le ventre rebondi menant à la croupe légèrement surélevée. Les détails comme le mufle, complété par une narine, la bouche et l’œil ouvert, appointé vers le larmier, ajoutent au naturalisme de la représentation (Fig. 3).

Fig. 3

D’autres représentations de renne provenant du site sont moins naturalistes (Fig. 4 à 6). Il est possible que des objets gravés fragmentés, similaires au renne sur ilion de cheval, soient passés inaperçus et aient été jetés lors d’anciennes fouilles car de tels fragments n’étaient alors pas encore conservés par les fouilleurs.

Fig. 4
Fig. 5
Fig. 6