Clarisse Chardot

D’où viens-tu ?
De base, je suis originaire des alentours de Montpellier. Puis, quand j’étais plus jeune j’ai déménagé entre Nantes et Rennes où j’ai fait mes études jusqu’à ma Licence.

Pourquoi ce métier ? Quel est ton parcours ?
J’ai suivi un parcours d’archéologie. J’étais à l’Université Rennes 2 où j’ai pu faire une Licence histoire de l’art et archéologie. Là-bas c’est l’avantage, on peut directement être spécialisé en archéologie, c’est pour ça que j’ai choisi cette ville. Ensuite j’ai fait un master au Museum national d’histoire naturelle qui s’appelle : Quartenaire, Préhistoire et Bioarchéologie où j’ai pu me spécialiser en archéozoologie.
De base, je voulais être vétérinaire. Mais pour plein de raison, notamment mes « facilités » en maths et en physique, je n’ai pas pu rentrer en filière S. L’autre élément que j’aimais beaucoup dans ma vie, mis à part les animaux, c’était l’archéologie. Petit à petit j’ai compris qu’on pouvait travailler aussi sur les animaux en archéologie. Donc j’ai choisi ça parce que ça me permettait de faire le Bac que je voulais et ça m’ouvrait beaucoup de portes sur la manière de voir mon futur, c’était assez rassurant.

Quelles sont tes missions ?
Déjà une mission de recherche, je suis là pour ma thèse. Il y a deux collections que je vais étudier : Vergisson IV et le site de Solutré-Village. Mis à part ça, j’ai aussi comme mission beaucoup d’inventaire, parce qu’il y en a pas mal à faire, malheureusement ça n’a pas beaucoup avancé car il n’y avait qu’une seule personne pour s’en occuper, et c’est un énorme travail. Donc je suis là en complément pour travailler sur ça. Après je suis là aussi pour faire de l’aide à la valorisation, lors des expositions ou de manière plus ponctuelle par de la médiation, même si ce n’est pas vraiment mon domaine, et qu’il y a ici des personnes qui le font bien mieux que moi !

Pourquoi t’installer ici ?
Sylvain Soriano a donné à ma directrice de thèse les restes d’ossements à étudier du site de Vergisson IV. Il y a déjà une thèse qui a été soutenu, mais sur les outils, donc avec les ossements l’objectif c’est d’avoir une étude complète. J’ai fait mon Master 1 et 2 sur l’étude de ce site, et au cours de mes études, Sylvain Soriano a réouvert le site, pour faire une reprise stratigraphique et des datations et donc j’ai participé à ça. Comme ça j’ai pu découvrir le Grand Site, mais aussi la Bourgogne que je ne connaissais pas du tout. Les agents du Grand Site et du Musée passaient régulièrement nous voir. Moi j’ai toujours voulu faire une thèse, donc la question s’est posée de savoir s’il était possible d’obtenir un financement, parce qu’aujourd’hui c’est difficile de faire une thèse sans financement, et le Département de Saône-et-Loire, à travers le Grand Site et le Musée, m’ont proposé un contrat CIFRE, et c’est ce qui m’amène là aujourd’hui.

Ton endroit préféré sur le Grand Site ?
Un endroit que j’ai bien aimé, c’est Vergisson. J’y ai passé trois semaines pour les fouilles, on était logés chez un viticulteur, c’était vachement agréable, et le weekend j’étais toute seule donc j’ai pu me balader dans le village. C’est un endroit assez calme, il y a peu de voiture qui passent, c’est agréable. Sachant qu’en parallèle je faisais mes études à Paris, moi j’aime la campagne donc ça me faisait du bien.

Ton meilleur souvenir sur le Grand Site ?
La première fois que j’ai monté la Roche de Vergisson. C’était un moment qui était un peu compliqué pour moi : je finissais mon Master 2 et c’était très stressant, on voit le bout du tunnel des études qui sont « faciles » et après on enchaîne sur l’espoir de faire une thèse. Tout le monde m’avait dit « Bonne chance », parce qu’on est vraiment pas nombreux à trouver un financement. En parallèle j’avais commencé le traitements de mes données de M2, mais on est en période COVID, donc j’ai pris beaucoup de retard, Sylvain Soriano me dit que mon travail est bien, mais qu’il y aurait deux unités archéologique et il faut tout que je recommence, mais en double ! Là c’était très stressant. Et donc un soir j’ai pu aller me balader, il faisait beau, je suis montée en haut de la Roche de Vergisson, je n’ai croisé personne, et je me suis posée là-haut pendant une ou deux heures, et c’était apaisant, très agréable. Un petit moment de plénitude.

Qu’est-ce que tu veux que les gens ressentent quand ils viennent ici ?
Plusieurs choses. Ce que je trouve important avec le Grand Site, c’est qu’on ne fait pas que de l’archéologie, et c’est super important parce qu’aujourd’hui on est dans un monde où tout est lié : faire de l’archéologie c’est bien, mais sensibiliser les gens sur leur environnement, c’est ultra important. Le fait d’intégrer les viticulteurs, les habitants : oui on travaille sur certains sujets, mais on fait partie d’un tout et il faut impliquer tout le monde pour que ça fonctionne. Pour la partie plus Préhistoire, j’aime beaucoup faire comprendre aux gens que la Préhistoire c’est un domaine qui n’est pas élitaire, mais qu’en plus de ça y’a plein de choses qu’on ne sait pas. Et c’est ce qui est hyper intéressant dans notre discipline : transmettre des choses qu’on peut maintenant dire, mais tout en ayant le côté humble de dire qu’il y a plein de choses qu’on ne sait pas, et que les prochains chercheurs seront meilleurs que nous, et c’est très bien comme ça. Mais aussi rapprocher la Préhistoire à nos problématiques d’aujourd’hui.