Marithé Stref

D’où viens-tu ?
Je viens de Tournus, je suis tournusienne à l’origine.

Pourquoi ce métier ? Quel est ton parcours ?
J’ai commencé à travailler à la Banque populaire dès mes 18 ans parce que j’ai eu un petit garçon très tôt, et étant maman j’ai arrêté mes études. Mon mari était militaire dans le sud-ouest, c’était difficile pour moi d’avoir une mutation et sur un coup de tête, j’ai démissionné. Suite à cela j’ai arrêté de travailler pendant 13 ans parce que mon mari était souvent en déplacement et j’ai eu une petite fille. Au retour de Martinique où nous avons vécu 3 ans j’ai postulé pour intégrer l’équipe du Musée de préhistoire à Solutré. J’ai enchaîné plusieurs contrats à l’accueil du Musée mais il n’y avait pas d’embauche. Alors je suis partie comme VRP dans le livre pendant 6 ans, je me suis découverte des talents de vendeuse. Je travaillais dans les écoles, collèges et bibliothèques de deux départements. J’aimais beaucoup le contact avec les enseignants. Mais le métier est très physique, porter des valises de livres et faire pas mal de kilomètres. J’ai eu des problèmes de santé qui m’ont contraint à lever le pied puis rechercher autre chose. Je vendais des livres pour la boutique du Musée. Apprenant que l’agent d’accueil partait en retraite j’ai postulé et c’est comme ça que je suis arrivée au Grand Site de France.

Quelles sont tes missions ?
Aujourd’hui je travaille principalement au Musée, pour l’accueil et la billetterie. Je gère aussi, en lien avec Catherine, la boutique : je fais le réassort, je déclenche les commandes, cherche des nouveautés. Je fais aussi de la promotion : je vais sur le terrain pour faire de la distribution de brochures, de flyers sur 3 départements et bourses d’échanges. Ça me plaît et ça me sort un petit peu de « mon musée enterré » (rires). Je fais aussi des visites guidées adultes ou enfants si besoin. Je connais bien la muséographie car je suis depuis 16 ans dans les lieux, j’ai beaucoup lu et j’ai eu la chance de rencontrer des scientifiques très enrichissants. Je suis comme un poisson dans l’eau au Musée, je suis toujours en lien avec les visiteurs, à leur écoute. C’est un vrai dérivatif : Après avoir perdu mon fils après 12 ans de combat contre la maladie, il faut avancer. Une manière d’avancer c’est aussi de s’intéresser aux autres, créer du lien, partager, faire découvrir. Faire attention à l’autre, ça change complètement le contact, ça t’apporte et ça apporte aux gens.

Pourquoi ici ?
Travailler dans un lieu idyllique comme celui où on est, ça change la vie.

Ton endroit préféré sur le Grand Site ?
A votre avis ? Le Musée bien sûr ! Mais la maison de site est aussi un lieu de rencontre et je ne parle pas de la Roche.

Ton meilleur souvenir sur le Grand Site ?
Une année, on a fait au Musée une exposition temporaire sur la bande-dessinée et on a fait venir le fils du créateur de Rahan, Jean-François Lecureux et André Chéret le dessinateur, ils sont venus tout un weekend dédicacer leur BD. Et la dédicace c’était un vrai dessin personnalisé pour chacun ! Il y avait une file d’attente dans le Musée, je n’ai jamais vu autant de monde faire la queue pour une dédicace. Et le dimanche, on voit débarquer un monsieur qui ose nous poser sa chemise, et dans son dos il avait une planche de Rahan tatouée qu’il voulait faire dédicacer. Il est venu avec un tatoueur qui lui a reproduit la dédicace dans l’arrière-boutique l’après-midi même. On était scotchées !

Qu’est-ce que tu veux que les gens ressentent quand ils viennent ici ?
Qu’ils découvrent un lieu remarquable, un lieu en lien avec le passé. Pour se construire, il faut savoir d’où on vient. Et faire toucher du doigt le fait qu’ici, il y a très longtemps, il y a eu des hommes qui gardent une part de mystère, parce qu’on ne sait pas tout sur la Préhistoire, c’est exceptionnel. J’aimerai réussir à faire sentir aux visiteurs que ce lieu et ces paysages ont une âme profonde qui se perpétue avec le travail de la vigne et les personnes qui en prennent soin.