Les magdaléniens de retour au musée de Solutré

Mis à jour le 26 septembre 2024
Du 19 Sep. 2024 au 31 Oct. 2024
Entre 2015 et 2016, une fouille menée par l’Inrap au cœur du village de Solutré (Saône-et-Loire) a mis au jour des dizaines de milliers de vestiges attestant d’une occupation par des chasseurs du Magdalénien moyen, il y a entre 19 000 et 16 000 ans. 
 

Aiguilles en os et pointes de sagaies en bois de renne, dents percées, bijoux en os et en ivoire… des objets du quotidien des derniers chasseurs de rennes sous la Roche rejoignent le Musée de préhistoire. Découvrez la collection inédite mise au jour par les archéologues sur le site de la Route de la Roche à Solutré, un campement de chasseurs abandonné il y a 18 000 ans !

Découvrez un épisode de la série « Objectif musée » dédié à cette fouille exceptionnelle, également disponible en ligne sur le site de l’Inrap.

Le Site de Solutré : Route de la Roche

Un paysage glaciaire

C’est à l’occasion du projet de construction d’une maison individuelle que le sol préhistorique a été mis au jour par les archéologues de l’Inrap en 2015. Le gisement s’ouvre à mi-hauteur de la pente, sur le flanc sud de la Roche de Solutré, à l’entrée du village. Il y a 18 000 ans, le climat du Sud-Bourgogne est froid et sec et le milieu présente des paysages ouverts de type toundra-steppe, comparables aux environnements arctiques actuels. Les chasseurs magdaléniens y ont principalement chassé le renne (61 % de la faune étudiée), ainsi que le cheval (20 %), avec des pics de saisonnalité autour de la fin de l’été et de l’hiver. Le lièvre (15 %) pourrait y avoir été chassé tout au long de l’année.

Un site d’une richesse inédite

Le site de Solutré Route de la Roche est exceptionnel par la quantité et la qualité des vestiges conservés. Il a livré une véritable profusion de mobiliers. Plus de 168 000 objets ont été mis au jour : 56 000 éléments lithiques, plusieurs dizaines de milliers de restes osseux d’animaux consommés, 1720 objets façonnés en os, bois de renne ou ivoire, pièces finies, ébauches et déchets de production…

Les armes de chasse en silex et en matières animales sont particulièrement nombreuses : 1883 lamelles à dos en silex, 138 pointes de projectile en bois de renne. Les outils domestiques en silex (presque 1000 pièces et fragments), les objets finis en os et des déchets de fabrication, notamment les baguettes extraites des perches de bois de renne utilisées pour la fabrication des objets, les bois de renne débités, des dizaines d’aiguilles en os et les os de chevaux à partir desquelles elles ont été fabriquées, plusieurs bâtons percés en bois de renne, témoignent du quotidien d’un campement et des activités qui s’y sont déroulées : fabrication des outils en silex, confection des objets en os et en bois de renne, couture….

Une qualité de conservation remarquable

L’état des surfaces rappelle les découvertes faites dans le milieu protecteur des grottes, ce qui permet aux archéologues de nombreuses observations.

Pas moins de 165 objets de parure ou décorés montrent l’investissement des chasseurs-cueilleurs pour des activités esthétiques ou symboliques. Parmi ceux-là, 140 coquillages, éléments de collier, de bracelets ou décors de vêtements, attestent d’apports depuis le littoral méditerranéen mais aussi de contacts plus discrets avec les régions de l’Atlantique (2% des pièces identifiées). Plusieurs perles façonnées dans des craches (canines) de cerf, espèce plus tempérée absente de la faune chassée, montrent la valeur esthétique ou symbolique de ce fragment animalier dans le monde magdalénien.

Un éclairage inédit sur le site de Solutré 

Les données de Solutré Route de la Roche modifient la compréhension du site de Solutré. Plus qu’un site de chasse en plein air, déjà connu depuis les premières recherches à fin du XIXe siècle, les nouvelles données brossent l’image d’un campement d’occupation longue au début du Tardiglaciaire, il y a 18 000 ans. Avec son nouvel éclairage sur les relations au milieu naturel, les traditions techniques et les préoccupations esthétiques et symboliques, la fouille livre un précieux témoignage de la vie quotidienne des communautés du Magdalénien moyen dans le Centre-Est de la France et offre une référence scientifique de premier plan pour la connaissance archéologique de cette période.

Au pied même de la Roche de Solutré, s’offrent par milliers les traces des chasseurs nomades de la dernière ère glaciaire. Au détour du sentier, découvrez les témoins archéologiques de ce haut lieu de la Préhistoire. Site de référence du Solutréen, il illustre cette culture unique de tailleurs de silex préhistoriques. 

Haut lieu de la Préhistoire